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L'Etat irakien proclame sa victoire contre l'EI à Falloudja

par Thaier al Soudani FALLOUDJA, Irak (Reuters) - Le Premier ministre irakien a proclamé la victoire contre le groupe Etat islamique (EI) à Falloudja, où les forces gouvernementales ont atteint vendredi le centre-ville et repris la mairie sur laquelle flotte à nouveau le drapeau irakien. Dans une brève allocution retransmise à la télévision dans la soirée, Haïdar al Abadi a souligné que les forces irakiennes continuaient de progresser dans des parties de la ville encore tenues par les djihadistes. Les forces de sécurité ont "renforcé leur contrôle à l'intérieur de la ville", a-t-il poursuivi, ajoutant: "Il y a encore quelques poches qui doivent être nettoyées dans les prochaines heures." Les forces gouvernementales, appuyées par de nombreuses frappes aériennes de la coalition conduite par les Etats-Unis, ont lancé il y a quatre semaines une offensive contre Falloudja, agglomération située à une heure de route à l'ouest de la capitale Bagdad. A Washington, le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, a souligné qu'il restait des combats à livrer. Les djihadistes, qui contrôlent toujours plusieurs secteurs de la ville, ont miné de nombreuses routes et bâtiments, ralentissant la progression des forces de sécurité. Les unité lourdement armées de la police fédérale ont avancé le long de la rue de Bagdad, principale artère traversant la ville d'est en ouest tandis que les unités antiterroristes ont encerclé l'hôpital local, précise le communiqué. Sabah al Noumani, porte-parole des services antiterroristes, a déclaré à la télévision d'Etat que des tireurs embusqués s'étaient retranchés dans l'hôpital de Falloudja mais que le bâtiment serait repris dans les heures à venir. L'offensive implique l'armée irakienne, les forces de police, des milices chiites et des combattants de tribus sunnites. SISTANI NE VEUT PAS DE "VENGEANCE" L'opération a débuté le 23 mai contre ce bastion historique de l'insurrection sunnite qui s'était d'abord opposé aux forces américaines intervenues en 2003 pour renverser Saddam Hussein, puis au gouvernement chiite de Bagdad. La ville de Falloudja était utilisée par l'EI comme une plate-forme logistique pour les attentats à la bombe commis à Bagdad. Dans son prêche de vendredi, le grand ayatollah Ali al Sistani a demandé aux forces gouvernementales de ne pas céder à la tentation de la vengeance contre les habitants de la ville. Rien ne permettait de dire dans l'immédiat que les milices chiites, redoutées par les habitants de Falloudja, étaient entrées dans la ville. L'EI a commencé à autoriser des milliers d'habitants à quitter la ville, si bien que les camps d'accueil situés aux abords de Falloudja sont débordés. Au cours de la seule journée de jeudi, plus de 6.000 familles ont fui la ville, selon le maire de Falloudja, qui l'a quittée en janvier 2014 lors de sa chute. Selon des témoins, l'EI a annoncé par haut-parleurs que les habitants étaient autorisés à fuir, sans que l'on puisse dire dans l'immédiat ce qui avait motivé ce changement de stratégie de la part du groupe djihadiste, qui empêchait jusqu'alors les civils de fuir. (Avec Saïf Hameed et Stephen Kalin à Bagdad; Pierre Sérisier, Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)