L'armée déployée dans plusieurs villes de Tunisie

Des officiers de police lancent une bombe lacrymogène lors des manifestations à Tunis. L'armée a été déployée jeudi dans plusieurs villes de Tunisie, où des manifestations contre la politique d'austérité ont fait un mort cette semaine et dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. /Photo prise le 10 janvier 2018/REUTERS/Zoubeir Souissi

TUNIS (Reuters) - L'armée a été déployée jeudi dans plusieurs villes de Tunisie, où des manifestations contre la politique d'austérité ont fait un mort cette semaine et dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.

Plus de 300 manifestants ont été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi, ont annoncé les autorités.

Le Front populaire, la principale alliance d'opposition, a appelé la population à manifester dimanche à Tunis, pour le septième anniversaire de la chute de l'ancien président Zine el Abidine ben Ali.

La Ligue tunisienne de football a décidé de reporter toutes les rencontres prévues ce week-end.

Des soldats ont été dépêchés à Thala, près de la frontière algérienne, où le siège local de la sécurité nationale a été incendié par les manifestants, ce qui a forcé la police à se retirer de la ville, ont rapporté des témoins.

L'armée a également été déployée à Sousse, Kébili et Bizerte afin de protéger les bâtiments publics.

Depuis lundi, le mouvement social contre les mesures d'austérité entrées en vigueur le 1er janvier a tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre et donné lieu à des scènes de pillage dans plusieurs villes.

Ces mesures concernent des hausses des prix frappant notamment le gasoil, les automobiles ou encore les services de téléphonie et d'accès à internet décidées dans le cadre du budget 2018.

"Trois cent trente personnes mises en cause dans des actes de sabotage et des vols ont été arrêtées hier soir", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khelifa Chibani, ce qui porte à 600 le nombre d'arrestations depuis lundi.

Face à cette contestation, le Premier ministre, Youssef Chahed, a lancé une mise en garde. "Ce qui s'est passé relève de la violence que nous ne pouvons pas accepter. L'Etat est ferme. Il protégera ses institutions et son peuple", a-t-il prévenu.

Son ministre du Développement et de l'Investissement, Zied Ladhari, a réaffirmé jeudi la détermination du gouvernement. "Le gouvernement ne révisera pas le budget ni même certain de ses articles parce que quelques fauteurs de troubles sont descendus dans les rues", a-t-il dit au micro de la radio Mosaïque FM.

Reprenant une revendication des syndicats, le parti islamiste Ennahda, qui participe à la coalition gouvernementale, avait appelé la veille à une augmentation du salaire minimum et à une hausse des aides aux familles nécessiteuses dans un pays où le taux de chômage moyen dépasse les 15% de la population active, bien plus dans les régions marginalisées de l'intérieur.

(Tarek Amara, Guy Kerivel pour le service français)