L'armée déployée à Brasilia après des manifestations anti-Temer

Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi à Brasilia pour réclamer à nouveau la démission du président Michel Temer, visé par une enquête de la Cour suprême pour corruption et entrave à la justice. /Photo prise 24 mai 2017/REUTERS/Ueslei Marcelino

BRASILIA (Reuters) - Le président brésilien, Michel Temer, a autorisé mercredi l'armée à se déployer dans les rues de Brasilia où des milliers de personnes pour réclamer à la démission du chef d'Etat, visé par une enquête de la Cour suprême pour corruption et entrave à la justice. De violents heurts ont opposé protestataires et forces de l'ordre. Les vitres de plusieurs ministères ont volé en éclats et des barricades de pneus en feu ont été dressées aux abords du bâtiment du Congrès. La police a chargé à coups de matraques et fait usage de gaz lacrymogènes. Il y a eu plusieurs blessés. Le chef de l'Etat brésilien se défend des accusations portées contre lui et affirme qu'il n'a nulle intention de démissionner. Il dispose encore, pour l'heure, du soutien du PSDB, le troisième parti le plus important du pays. Michel Temer a approuvé un décret autorisant l'armée à aider la police à restaurer l'ordre dans la capitale fédérale, conférant aux soldats le pouvoir de procéder à des arrestations. Les protestataires étaient réunis mercredi à l'appel de partis de gauche, de syndicats et d'autres organisations afin de dénoncer aussi des mesures d'austérité du gouvernement, en particulier une réforme du code du travail perçue comme moins favorable pour les salariés. Ils se sont retrouvés à la mi-journée près du stade de football Mané Garrincha avant de marcher jusqu'au Congrès, où les parlementaires étaient réunis pour évoquer la transition au cas où Michel Temer quitterait le pouvoir. Si tel était le cas, le Congrès disposerait de trente jours pour désigner un successeur chargé de conduire le pays jusqu'à la tenue de nouvelles élections fin 2018. Michel Temer, qui a succédé l'an dernier à Dilma Rousseff, elle-même destituée pour manipulation des comptes publics, est mis en cause par plusieurs témoignages. L'un l'accuse d'avoir approuvé le versement d'argent à l'ancien président de la Chambre des députés Eduardo Cunha en échange de son silence. Un autre témoignage l'accuse, lui et deux anciens présidents, Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff, d'avoir reçu l'équivalent de plusieurs millions d'euros de pots-de-vin. Plusieurs requêtes en faveur du lancement d'une procédure de destitution ont été déposées au Congrès. (Alonso Soto et Anthony Boadle, Gilles Trequesser et Nicolas Delame pour le service français)