L'armée colombienne dément pousser ses unités à "faire du chiffre"

Le chef de l'armée colombienne Nicacio de Jesus Martinez (photo) a démenti lundi avoir fait pression sur ses haut gradés pour augmenter considérablement le nombre de rebelles ou de membres des cartels tués ou capturés lors des opérations militaires. /Photo prise le 20 mai 2019/REUTERS/Luisa Gonzalez

BOGOTA (Reuters) - Le chef de l'armée colombienne a démenti lundi avoir fait pression sur ses haut gradés pour augmenter considérablement le nombre de rebelles ou de membres des cartels tués ou capturés lors des opérations militaires.

Ce démenti fait suite à la publication d'un article du New York Times, ce week-end, dans lequel des sources militaires assurent que l'armée a ordonné de doubler le nombre de guérilleros ou criminels morts ou arrêtés, au risque d'augmenter dégâts "collatéraux" et victimes civiles.

"Je n'ai exercé aucune pression", a affirmé devant la presse le commandant de l'armée nationale, le général Nicacio de Jesus Martinez. "Aucun commandant de bataillon n'a été relevé de ses fonctions en raison de ses résultats."

Le New York Times écrit que Martinez a donné l'ordre de doubler les résultats opérationnels. L'article compare cette instruction au scandale dit des "faux positifs" de la fin des années 2000, lorsqu'il avait été révélé que certaines unités de l'armée avaient tué des civils puis avaient fait passer leurs victimes pour des guérilleros afin de gonfler leurs résultats et obtenir des récompenses de leurs supérieurs.

Des dizaines d'anciens militaires ont été condamnés dans le cadre de ce scandale. La plupart des victimes étaient de jeunes hommes pauvres issus des régions rurales ou des bidonvilles.

Le ministre colombien de la Défense, Guillermo Botero, a reconnu que l'armée encourageait depuis 2007 une augmentation des captures ou des redditions des membres des cartels et de la guérilla, plutôt que leurs décès.

Mais il a démenti l'existence de pressions exercées sur les commandants, ou d'incitations comme une hausse des congés, pour obtenir de tels résultats.

Les forces armées colombiennes ont accru leurs opérations de 110% depuis l'arrivée au pouvoir du président Ivan Duque en août 2018, selon le ministre Botero qui explique cette forte hausse par une recrudescence du trafic de drogue.

(Luis Jaime Acosts; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)