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L'armée birmane se dit attristée par la mort des manifestants

L'ARMÉE BIRMANE SE DIT ATTRISTÉE PAR LA MORT DES MANIFESTANTS

(Reuters) - L'armée birmane a exprimé mardi ses condoléances après le décès de 164 manifestants protestant contre le coup d'Etat militaire du 1er février, mais elle a accusé ces personnes d'être à l'origine des troubles qui secouent le pays et des actes de destruction des biens.

S'exprimant lors d'une conférence de presse dans la capitale birmane, à Naypyitaw, le porte-parole de la junte militaire au pouvoir, Zaw Min Tun, s'est dit "désolé pour (ces) pertes car ce sont aussi des citoyens (birmans)". Il a cependant souligné que neuf membres des forces de sécurité ont également été tués.

"Pouvons-nous qualifier ces manifestants de pacifiques?" s'est-il interrogé, tout en montrant une vidéo d'usines incendiées. "Quel pays ou quelle organisation considérerait cette violence comme pacifique?", s'est-il également demandé.

Zaw Min Tun a également accusé les médias de répandre des "fausses nouvelles" et d'attiser les troubles, allant même jusqu'à menacer de poursuites judiciaires certains journalistes.

Le porte-parole de la junte a en outre estimé que les grèves avaient un impact sur les hôpitaux, qui ne peuvent pas fonctionner à plein régime, ce qui provoque des morts, dans un contexte de crise sanitaire. Il juge cette situation "injuste et contraire à l'éthique".

La Birmanie est plongée dans le chaos depuis que la junte militaire a placé en détention Aung San Suu Kyi, la dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dont le parti a largement remporté les dernières élections en novembre.

D'après le décompte de l'Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG, au moins 261 personnes ont perdu la vie depuis la répression des manifestations par les forces de sécurité birmanes.

Pour le porte-parole de la junte, l'application de la loi et la stabilité sont ce qu'il y a de plus important pour la Birmanie. Il a ajouté que l'accès à internet dans le pays serait limité pendant un certain temps, en raison des appels à la violence en ligne.

L'Union européenne a imposé lundi des sanctions contre 11 personnes impliquées dans le putsch en Birmanie, sa décision la plus forte à ce jour depuis le coup d'Etat militaire.

Washington pour sa part a déjà sanctionné le général Min Aung Hlaing, commandant en chef de l'armée birmane, et annoncé lundi une extension des sanctions au policier Than Hlaing et à l'officier militaire Aung Soe, ainsi qu'à deux divisions de l'armée birmane, la 33e division d'infanterie légère et la 77e division d'infanterie légère.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a souligné que des membres de la 33e division avaient tiré à balles réelles sur des manifestants à Mandalay, deuxième ville de Birmanie.

(Martin Petty; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)