L'Arabie saoudite masse du matériel militaire près du Yémen

Contrôle à un barrage routier à Sanaa. L'Arabie saoudite est en train de regrouper du matériel militaire lourd, notamment de l'artillerie, dans des zones situées près de sa frontière avec le Yémen, disent des responsables américains. /Photo prise le 24 mars 2015/REUTERS/Mohamed al-Sayaghi

WASHINGTON (Reuters) - L'Arabie saoudite est en train de regrouper du matériel militaire lourd, notamment de l'artillerie, dans des zones situées près de sa frontière avec le Yémen, ont annoncé mardi des responsables américains. Ces mouvements font suite à l'avancée vers le sud du Yémen des Houthis, soutenus par l'Iran, qui se sont emparés de la capitale, Sanaa, en septembre. Ils ont pris ce week-end la ville de Taëz, sur la route qui mène de Sanaa, dans le nord, à Aden, le port du Sud où s'est réfugié le président du Yémen, Abd-Rabbou Mansour Hadi, le mois dernier. L'Arabie saoudite accuse l'Iran de semer la discorde entre les communautés au Yémen en soutenant les Houthis. Le conflit risque de dégénérer en une guerre par procuration entre l'Iran chiite, qui soutient les Houthis, et l'Arabie saoudite et d'autres monarchies musulmanes chiites de la région, favorables au président Hadi. Les blindés et l'artillerie massés par l'Arabie saoudite peuvent être utilisés pour des objectifs défensifs ou offensifs, dit-on dans l'entourage du gouvernement américain. Deux autres responsables américains estiment que l'opération saoudienne semble plutôt défensive. De même source, on qualifie d'"important" le regroupement du matériel militaire saoudien. Les Saoudiens, dit-on encore, pourraient préparer des attaques aériennes pour défendre le président Hadi si les Houthis l'attaquent à Aden. Un autre responsable explique que les Etats-Unis ont rassemblé des renseignements sur l'opération saoudienne. Il n'a pas donné d'indication sur la zone de la frontière concernée ni sur l'ampleur exacte des forces déployées. DÉBORDEMENT L'Arabie saoudite, qui partage 1.800 km de frontières avec le Yémen, n'est pas à l'abri d'un débordement du conflit sur son sol, notamment dans sa province orientale d'Ach-Charkiya, dont la population est en partie chiite et où se trouvent les plus riches gisements pétroliers du royaume. "Les Saoudiens sont vraiment profondément inquiets de ce qu'ils voient comme une place forte iranienne dans un Etat défaillant le long de leur frontière", a déclaré lundi à Reuters l'ambassadeur des Etats-Unis au Yémen, Matthew Tueller, lors d'une conférence à Washington. Un ancien responsable américain estime toutefois que les perspectives d'une intervention extérieure réussie au Yémen semblent minces. S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, il estime que l'horizon semble s'assombrir pour le président Hadi. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al Fayçal, a déclaré lundi que les pays arabes prendraient les mesures nécessaires pour protéger la région contre l'"agression" houthie si une solution pacifique ne pouvait être trouvée. En mars 2011, l'armée saoudienne et celle des Emirats arabes unis étaient entrées au Bahreïn voisin qui étaient alors en proie depuis des semaines à des manifestations de la majorité chiite. Ryad craignait que la situation ne permette à l'Iran d'étendre son influence. Mardi, le président yéménite a écrit au Conseil de sécurité de l'Onu pour lui demander de donner son feu vert à une intervention militaire internationale contre les miliciens chiites houthis. (Mark Hosenball, Phil Stewart et Matt Spetalnik, avec Warren Strobel, Danielle Rouquié pour le service français)