Lapsus, débat perdu face à Trump... Ces ratés qui ont poussé Joe Biden à renoncer à un second mandat

Le président des États-Unis a décidé de renoncer à briguer un second mandat ce dimanche 21 juillet. Une décision annoncée dans une lettre adressée aux Américains. Après des mois de campagne, le démocrate de 81 ans n'avait plus d'autre choix: il devait passer la main à sa vice-présidente, Kamala Harris.

Joe Biden a voulu se maintenir jusqu'au bout mais il a fini par céder dans sa maison de campagne du Delaware, où le président américain s'est isolé depuis qu'il a été testé positif au Covid. Sous les pressions de dizaines de démocrates pour "passer le flambeau", le président américain a annoncé renoncer à briguer un second mandat ce dimanche 21 juillet dans une lettre aux Américians.

Il n'affrontera donc pas Donald Trump le 5 novembre prochain et a d'ores et déjà annoncé son soutien à la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris, qui doit encore être confirmée par le Parti démocrate dans les prochaines semaines.

Devenu le plus vieux président des États-Unis en janvier 2021, Joe Biden a souvent été présenté par ses opposants politiques comme une "machine à gaffes" qui a confirmé son surnom tout au long de sa présidence, alors que les inquiétudes autour de sa santé ne cessaient de grandir ces dernières semaines.

Après avoir soufflé ses 81 bougies en novembre 2023, sept mois après l'annonce de sa candidature, ses lapsus à répétition comme lorsqu'il a annoncé par erreur le "président Poutine" au moment d'accueillir Volodymyr Zelensky le 11 juillet lors du sommet de l'Otan à Washington, étaient vus comme un vrai désavantage dans la course à sa réélection.

En février 2024, Joe Biden avait également confondu Emmanuel Macron avec "Mitterrand d'Allemagne" et trois jours plus tard, le président de l'Égypte avec le président du Mexique. Quelques mois plus tôt, il avait par erreur déclaré que 100 personnes étaient mortes du Covid-19 dans le pays durant la pandémie, mais aussi confondu la guerre en Ukraine avec celle en Irak.

Tout au long de son mandat, des vidéos du démocrate, trébuchant, bégayant, souriant dans le vide, hagard, se sont aussi répandues sur les réseaux sociaux pour le plus grand plaisir des républicains, qui accusent l'octogénaire d'être sénile.

Malgré ces gaffes et ces lapsus à répétition, Joe Biden a été largement soutenu lors des primaires du Parti démocrate. Organisées sur mesure pour le président sortant, sans aucune concurrence sérieuse, l'octogénaire obtient entre le 23 janvier et le 8 juin 87% des votes et 3.905 des 3.949 délégués démocrates. Un plébiscite.

Début juin, Joe Biden compte toujours affronter Donald Trump en novembre. Le républicain, victorieux de la primaire organisé par son parti, est lui inculpé par la justice fédérale. Une décision historique, qui n'empêche pas l'ancien locataire de la Maison Blanche d'être candidat, mais qui permet au démocrate de multiplier les attaques sur le profil de son rival.

Joe Biden est-il alors trop confiant? Mi-mai, il accepte de participer à un débat sur CNN le jeudi 27 juin face à Donald Trump. "Comme tu l'as dit Donald: n'importe où, n'importe quand", écrit-il dans un tweet qui restera dans l'histoire de sa courte campagne présidentielle.

Car pour le démocrate, le débat vire à la catastrophe. Joe Biden apparaît confus, mâche ses mots, s'emmêle les pinceaux tandis que Donald Trump enchaîne les arguments, plein d'aplomb. L'octogénaire n'a que trois ans de plus que son rival républicain, mais sur scène, la différence semble bien plus importante.

Dès la fin du débat, la presse fait état de la panique dans les rangs du démocrate. Le lendemain, Joe Biden essaie de rassurer, affirme qu'il "peut faire le boulot". Mais le mal est fait. Chez les riches donateurs du Parti démocrate et chez les élus les plus influents, le doute s'est installé: et si le président n'était pas en mesure de battre Donald Trump et de diriger le pays ces quatre prochaines années?

Le mardi 2 juillet, Nancy Pelosi juge qu'il est "légitime" de s'interroger sur l'état de santé Joe Biden. L'ancienne Speaker de la Chambre des représentants sera la première d'une longue liste de démocrates à exprimer publiquement des doutes sur leur candidat ou à souhaiter son retrait.

Face aux critiques, Joe Biden répond. Il reconnaît un "mauvais débat" face à Donald Trump. "Quand on prend un coup, on se relève!" lance-t-il devant ses partisans. Vendredi 5 juillet sur ABC, il balaye les appels au retrait de sa candidature: "Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait 'Joe, retire-toi de la course' je me retirerais de la course, mais il ne va pas descendre", affirme-t-il.

La semaine suivante pourtant, les appels au retrait se multiplient. Dans le New York Times, George Clooney estime qu'il "nous faut un autre candidat". En coulisses, Barack Obama, Nancy Pelosi et d'autres démocrates influents demandent à Joe Biden de réfléchir.

Le second tournant de cette campagne présidentielle intervient le samedi 13 juillet. Dans la ville de Butler en Pennsylvanie, une tentative d'assassinat a lieu contre Donald Trump. L'ancien président américain est la cible de huit coups de feu et une personne est tuée dans le public d'un meeting du républicain.

Au lendemain de cette attaque, des démocrates affirment sous couvert d'anonymat dans la presse que Joe Biden ne peut pas gagner face à Donald Trump en novembre. De quoi provoquer la colère de nombreux élus, comme la députée progressiste Alexandria Ocasio-Cortez, qui dénonce ces fuites médiatiques et le "résignement face au fascisme".

Mais la campagne a basculé. Les sondages donnent une légère avance au républicain et une "remontada" du démocrate semble inconcevable après ses derniers lapsus au sujet de Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine, Kamala Harris et Donald Trump.

Pour la première fois, le mardi 16 juillet, Joe Biden qu'il réévaluerait sa candidature si on lui diagnostiquait un problème "médical". Hasard du calendrier, il est testé positif au Covid-19 le lendemain et suspend sa campagne, annulant un discours prévu à Las Vegas.

Dans ces derniers jours de campagne, les appels au retrait se multiplient. La piste d'une annonce dans le week-end est avancée par plusieurs médias américains. Elle a finalement lieu ce dimanche 21 juillet.

Isolé dans le Delaware, comme un homme qui s'est obstiné jusqu'au bout, Joe Biden semble avoir pris sa décision seul. "Certains membres de son cercle rapproché ont été laissés dans l'ignorance jusqu'à quelques minutes avant qu'il ne publie sa lettre sur les réseaux sociaux", rapportent nos confrères de CNN. "On a tous appris avec le tweet" de la lettre, a confié un démocrate à Politico.

Joe Biden, qui soutient désormais sa vice-présidente Kamala Harris, s'adressera une nouvelle fois au peuple américain "dans la semaine", a-t-il annoncé dans sa lettre. Mais pour quelle annonce? Des républicains, et notamment le Speaker de la Chambre des représentants Mike Johnson, lui demandent de poser sa démission. Ses conseillers au sein de la Maison Blanche assurent qu'il ira jusqu'à janvier 2025 et terminera son mandat à la date prévue.

Une chose est certaine: son abandon de la course à la Maison Blanche a permis d'unir le Parti démocrate derrière Kamala Harris. En quelques heures, la vice-présidente a reçu des dizaines de soutiens d'élus influents. Elle semble désormais être la seule à pouvoir prétendre obtenir l'investiture démocrate lors de la convention de Chicago au mois d'août.

Article original publié sur BFMTV.com

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