Publicité

L'ancien président Lula entre au gouvernement brésilien

par Lisandra Paraguassu et Patricia Duarte BRASILIA (Reuters) - L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été nommé mercredi au poste de chef du secrétariat du gouvernement. Cette décision, annoncée après une réunion entre la présidente Dilma Rousseff et ses plus proches conseillers, devrait offrir à l'ancien chef de l'Etat un certain degré de protection face à l'enquête qui le vise pour blanchiment d'argent. Dans un communiqué, la présidence précise que Lula remplacera Jaques Wagner appelé à occuper la fonction, nouvellement créée, de chef de cabinet. Dilma Rousseff a expliqué que Lula rejoignait le gouvernement pour partager son expérience politique et sa vision stratégique. En intégrant le gouvernement, il apportera avec lui sa connaissance de l'infrastructure et des politiques sociales, a-t-elle ajouté. Avec cette entrée au gouvernement de Lula, président de 2003 à 2010, les investigations le concernant pour blanchiment d'argent seront transférées du bureau du juge fédéral Sergio Moro à la Cour suprême. Dilma Rousseff et Lula, qui fut son mentor, sont éclaboussés par le scandale Petrobras, qui porte sur un système complexe de surfacturations et de dessous-de-table au sein de la compagnie nationale des pétroles. Lula est notamment accusé de blanchiment d'argent et d'usurpation d'identité visant à dissimuler la possession d'un appartement en front de mer. Des centaines de milliers de personnes ont défilé dimanche dans les grandes villes du Brésil pour exiger le départ de Dilma Rousseff, menacée parallèlement par une procédure de destitution. DÉCISION DE LA COUR SUPRÊME FAVORABLE À ROUSSEFF L'enquête, en cours depuis près de deux ans, a déjà conduit à l'inculpation de plusieurs dizaines de cadres d'entreprises. Des alliés politiques et d'anciens collaborateurs de la présidente ont été arrêtés. Le retour de Lula à Brasilia pourrait par ailleurs se traduire par un bouleversement de la politique budgétaire du pays, l'ancien président ayant appelé à plusieurs reprises à l'arrêt de la politique d'austérité et à l'augmentation de la dépense publique. Dilma Rousseff a toutefois assuré qu'elle était déterminée à poursuivre sa politique de stabilité budgétaire et de maîtrise de l'inflation. Elle a également écarté l'hypothèse d'une démission du patron de la banque centrale, Alexandre Tombini, ou du ministre des Finances, Nelson Barbosa. La désignation de Lula a été immédiatement dénoncée par l'opposition. "La nomination de Lula est affront fait aux Brésiliens qui sont descendus dimanche dans la rue", a déclaré le sénateur Ronaldo Caiado, l'un des nombreux chefs de file de l'opposition qui ont promis de contester cette décision devant la justice. "Lula ne sert pas le peuple brésilien; il cherche à se cacher (...)", a ajouté Ronaldo Caiado. La Cour suprême brésilienne a par ailleurs confirmé une décision accordant au Sénat le droit d'examiner un vote de la chambre basse si cette dernière venait à enclencher une procédure de destitution à l'encontre de Dilma Rousseff. Cette décision est favorable à la présidente car elle signifie qu'un vote de la Chambre des députés ne pourrait suffire à la suspendre de ses fonctions, comme le souhaite Eduardo Cunha, président de la chambre basse et adversaire politique de Dilma Rousseff. Le Sénat est présenté comme bien plus favorable à la présidente que la Chambre des députés. (Avec Anthony Boadle, Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame pour le service français)