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Le lancement du parti d'Edouard Philippe scruté avec méfiance en macronie

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe  le 21 juillet 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
L'ancien Premier ministre Edouard Philippe le 21 juillet 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

L’homme politique préféré des Français ne compte pas rester sur le banc de touche. Quinze mois après avoir quitté Matignon, Edouard Philippe lance ce samedi au Havre son propre parti politique, suscitant la méfiance chez certains Marcheurs.

Officiellement, tout va bien en macronie. L’aventure de l'ancien Premier ministre sert à "l’élargissement" du parti. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, l’a martelé ce vendredi sur BFMTV. “Toute initiative qui permet d’élargir la majorité est bonne à prendre. C’est positif.” Et de rappeler la loyauté du Rouennais. "Il veut et on veut qu’Emmanuel Macron soit réélu. Les choses sont très claires!"

En réalité, personne n’est dupe. Si Édouard Philippe compte jouer un rôle auprès de la majorité présidentielle pour 2022, son regard est braqué sur une autre étape. “Ce sera la dernière présidentielle pour Emmanuel Macron, on le sait tous, pointe Jean-Michel Fauvergue, député de Seine-et-Marne, contacté par BFMTV.com. Édouard Philippe est un homme d’État qui s’inscrit dans l’avenir. Il lui faut une structure sur laquelle s’appuyer.”

Faire pencher LaREM à droite

Du côté de la macronie, on serre les dents, en espérant qu’Edouard Philippe se montre fair-play. Pas comme ce 30 septembre, où, le lendemain d’un dîner à l’Elysée, il lançait dans Challenges “l’alerte” contre la dette publique et plaidait pour repousser l’âge de la retraite à 67 ans.

Un député de l’aile gauche s’attend quand même à quelques bombes. “Pour faire vivre son parti, il doit proposer des marqueurs politiques très forts, de droite traditionnelle, c’est normal”, souligne-t-il. C’est toute la stratégie de l'ancien homme fort de Matignon, confirme un pilier de la majorité. “Il considère que le parti des Républicains est mort, il veut capter une partie du canal historique.”

Le camp Philippe rêve d’une future majorité, plus à droite qu’aujourd’hui, au sein d’un second quinquennat Macron. Il lui faut donc peser. Avec plus de 2500 sympathisants inscrits au lancement de son parti, le chantier a déjà débuté. Si Jean-Charles Colas-Roy, député LaREM de l’Isère, reconnaît au rouennais “le droit de créer un mouvement”, il tient à tempérer.

“Édouard Philippe peut se laisser aller à des positions plus radicales, à partir du moment où l’arbitrage final du président de la République porte sur un programme équilibré”, avance à BFMTV.com celui qui soutiendra Emmanuel Macron s'il est bien candidat.

Toléré, mais surveillé

D’autres s’inquiètent de se faire débaucher des parlementaires LaREM. “Il va ramener d'autres gens. Mais si son groupe c'est 100 LaREM, ça pourrait se régler en coups de boule”, glisse-t-on, dans l’entourage du président. Attention à la paranoïa, nous rétorque un député de l’aile gauche: “il ne faut pas dramatiser, certains de mes collègues sont très suspicieux. Mais ça met Édouard Philippe sur un piédestal et ça le rend encore plus central.”

Cette rampe de lancement est donc tolérée par la majorité, mais très surveillée. Les présidents des groupes LaREM, Christophe Castaner, du MoDem, Patrick Mignola, et d’Agir, Olivier Becht, seront dépêchés au Havre. Tout comme des élus du MoDem et du parti de centre-droit Agir, l’oeil alerte.

Une poignée d’élus comme Aurore Bergé (Yvelines), Christophe Béchu (Angers) ou Martin Lévrier (Yvelines) ont aussi annoncé qu’ils seraient là de leur propre chef. “Je suis un homme libre”, explique ce dernier, qui a choisi de venir après avoir visionné la vidéo d’Edouard Philippe enregistrée pour le campus de rentrée de LaREM à Avignon le week-end dernier, où il invitait cordialement les Marcheurs à venir.

“Je réponds positivement à l’idée de le retrouver au Havre, et à le voir rejoindre cette grande famille” glisse-t-il. Celui qui souligne que “l’amitié n’empêche pas la différence ajoute: “il aurait pu prendre d’autres chemins, rester en-dehors d’un parti, ou rejoindre le notre.” En attendant, Edouard Philippe a choisi de suivre sa propre route.

Article original publié sur BFMTV.com