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Lancement de l'Alliance solaire, Paris promet un milliard d'euros

NEW DELHI (Reuters) - Emmanuel Macron a promis dimanche un milliard d'euros pour le développement de l'énergie solaire dans les pays pauvres d'ici à 2022 à l'occasion du lancement de l'Alliance solaire internationale, une coalition de 121 pays situés entre les tropiques du Cancer et du Capricorne.

Au troisième jour de sa visite en Inde, le chef de l'Etat français a présidé à New Delhi au côté du Premier ministre indien Narendra Modi le sommet fondateur de l'ASI, une initiative décidée par la France et l'Inde en décembre 2015 en marge de la Conférence de Paris sur le climat (COP21).

L'ASI vise à développer financements et technologies pour l'exploitation de l'énergie solaire et ainsi "réduire l'empreinte carbone sur Terre", comme l'a souligné le Premier ministre indien.

"Nous avions dit en 2015 que nous consacrerions 300 millions d'euros à des projets solaires dans les pays membres de l'Alliance solaire", a rappelé Emmanuel Macron lors de son discours.

"Cet engagement de la France a été tenu mais j'annonce aujourd'hui que l'Agence française de développement consacrera 700 millions supplémentaires à cet engagement pour le solaire d'ici 2022", a-t-il ajouté.

Les pays concernés le plus par l’énergie solaire sont aussi les plus pauvres, entre les deux tropiques, souligne-t-on de source française. "73% de la population mondiale, 23% de la capacité en production d’électricité et 20% à 50% de la population n’a pas accès à l’électricité".

Ces pays bénéficient en moyenne de 300 jours d'ensoleillement par an.

"Autour de l'Equateur, le potentiel d'énergie solaire, c'est 138 gigawatts, c'est l'équivalent de 130 réacteurs nucléaires", a précisé Ségolène Royal en marge du sommet de New Delhi.

L'ancienne ministre socialiste de l'Environnement est l'envoyée spéciale de la France pour la mise en oeuvre de l'Alliance solaire.

1.000 MILLIARDS DE DOLLARS

L'ambition de l'ASI est de créer une plateforme commune d'appels d'offres et de garanties, sous la supervision de la Banque mondiale, pour les pays les plus pauvres avec l'espoir que les investisseurs privés prennent ensuite le relais.

La bataille "pour les énergies renouvelables, c'est aussi une bataille pour 'l'empowerment': la mise en capacité donnée à chaque Etat de l'Alliance solaire de réussir chez lui, de faire une place à chacun, de permettre à ses concitoyens de construire sa place et donc d'être formé pour construire les emplois dans ces secteurs", a dit Emmanuel Macron.

Les initiateurs de l'ASI - à laquelle les Etats-Unis et la Chine, parmi les premiers producteurs d'énergie solaire, ne sont pas associés - comptent mobiliser 1.000 milliards de dollars (plus de 800 milliards d'euros) d'ici à 2030.

"Il y a une énorme utopie, mais cette utopie elle est réalisable si nous nous mobilisons, si nous aidons des projets concrets sur le terrain, si nous arrivons à changer les esprits et si nous mobilisons aussi les grands acteurs et les grands financements", a martelé Emmanuel Macron devant la presse.

La France a produit 1,7% de son électricité via le solaire en 2017, contre 71,6% pour la part nucléaire.

Emmanuel Macron inaugurera lundi la plus grande centrale solaire de l'Uttar Pradesh, l'Etat le plus peuplé d'Inde, un projet de 75 mégawatts porté par Engie à travers sa filiale Solairedirect.

L'Inde prévoit un plan de 100 gigawatts de solaire d'ici 2022.

EDF a toutefois signé samedi avec l'électricien Nuclear Power Corp of India (NPCIL) un accord industriel en vue de la mise en oeuvre de six réacteurs nucléaires EPR dans l'ouest de l'Inde.

(Sophie Louet à Paris avec Jean-Baptiste Vey et le bureau de New Delhi)