Publicité

Lancement d'une étude sur la pollution plastique dans la Garonne

Une campagne inédite pour mesurer la pollution plastique dans la Garonne et son impact sur la biodiversité dans les eaux continenales, un phénomène beaucoup moins documenté que son équivalent maritime, a débuté cette semaine. /Photo prise le 4 juin 2018/REUTERS/Athit Perawongmetha

TOULOUSE (Reuters) - Une campagne inédite pour mesurer la pollution plastique dans la Garonne et son impact sur la biodiversité dans les eaux continenales, un phénomène beaucoup moins documenté que son équivalent maritime, a débuté cette semaine.

Conduit par une dizaine de scientifiques toulousains, le projet de recherche PlastiGar, prévu pour durer trois ans, sera mené dans la partie amont du bassin versant de la Garonne sur quelque 200km, des Hautes-Pyrénées à la ville d'Agen.

"La pollution plastique dans le milieu marin fait l'objet d'études depuis environ 40 ans. Pour les eaux continentales, le phénomène est encore très mal caractérisé. Les premiers travaux datent de 2013 et sont peu nombreux", explique Alexandra Ter Halle, chargée de recherche CNRS au laboratoire Interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique.

L'IMRCP fait partie avec le laboratoire Evolution et diversité biologique (EDB) des deux unités CNRS-Université Paul Sabatier à Toulouse, en charge de ce projet financé par l'Agence de l'eau Adour-Garonne et la Région Occitanie.

"Les rares études sur la pollution des eaux continentales ont porté sur le Danube qui déverserait chaque jour 4 tonnes de plastique dans la mer ou encore sur le Rhin, qui en transporterait quotidiennement 200 millions de tonnes", précise la physico-chimiste.

De récents travaux basés sur la modélisation estiment qu'actuellement les rivières charrient de 1 à 2 millions de tonnes de plastique annuellement dans les océans au niveau mondial. Selon le CNRS, "les études se sont concentrées sur les plus gros débris et il n'existe pas de données sur les débris de plus petites tailles, micro et nanoplastiques".

"Le travail de caractérisation portera sur les microplastiques primaires comme les micro-billes utilisés dans les cosmétiques ou les fibres synthétiques et secondaires, provenant d'objets plus gros qui se sont cassés dans l'environnement", détaille Alexandra Ter Halle.

A partir de juillet 2019, les scientifiques se pencheront sur l'impact de cette pollution et son transfert potentiel dans le réseau trophique. Macro-invertébrés type vers, escargots d'eau douce et écrevisses et poissons (truites, goujons, silures, brochets) seront capturés dans six sites peu et très pollués, sélectionnés parmi les quatorze du départ.

"Le contenu des estomacs des poissons et les prélèvements dans leurs nageoires vont nous permettre de savoir qui mange qui et de mesurer le transfert des microplastiques dans la chaîne alimentaire", explique Julien Cucherousset, chercheur au laboratoire EDB de Toulouse.

"La caractérisation des plastiques va nous permettre d'identifier quelle activité humaine, industrielle, agricole ou liée aux particuliers est surtout source de pollution. Et la mesure de son impact sur la biodiversité, d'adapter les politiques publiques en conséquence", ajoute le scientifique.

(Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)