Publicité

Lamia Ziadé sur Beyrouth : «J’adore, c’est le Liban paradis, que j’ai presque connu. Maintenant, ces collines, ça n’a plus rien à voir»

Lamia Ziadé sur Beyrouth : «J’adore, c’est le Liban paradis, que j’ai presque connu. Maintenant, ces collines, ça n’a plus rien à voir»

«Ça, c’est Beyrouth avant, quand c’était joli. J’adore, c’est le Liban paradis, que j’ai presque connu. Au début des années 70, c’était encore proche de ça. Maintenant, ces collines, ces montagnes, ça n’a plus rien à voir, il y a des immeubles, c’est tout construit. Mon grand-père avait dans les souks un magasin de tissus : soieries de Lyon, crêpes de Chine, des tissus chics. Dès le début de la guerre, il a brûlé, comme tout le souk.

«Nous habitions Mar Nkoula, dans le quartier d’Achrafieh, au-dessus du port. Il existe toujours, mais ça n’a plus rien à voir. A l’époque, il y avait plein de maisons magnifiques avec de grands jardins. Les plus belles ont disparu, les familles qui en ont hérité étaient en indivision, à dix sur une maison, personne ne pouvait les garder. Ils ont vendu et les promoteurs ont construit. A la place, il y a des tours, comme dans tout Beyrouth, ça fait mal au cœur. Nous n’avons pas la culture de la mémoire et de la préservation du patrimoine.

«Sur ce dessin, il y a aussi un bateau, dès que j’ai l’occasion, j’en mets un. Ce qui me fascine aussi, c’est comme les gens bougeaient facilement à l’époque. Ils émigrent en Argentine - à l’époque, c’était l’inconnu - et hop, ils reviennent cinq ans après. J’ai peur de prendre l’avion, mais pas le bateau. Et pourtant, j’ai eu une très mauvaise expérience. Pendant la guerre, on arrivait en bateau par Chypre parce que l’aéroport de Beyrouth était fermé. Et, au moment où on entrait dans le port, le bateau a été bombardé. A l’époque, c’étaient les Syriens qui bombardaient. L’arrivée a été un cauchemar. Plusieurs personnes ont été tuées, dont deux petites filles, deux sœurs qui sont mortes noyées.»



Retrouvez cet article sur Liberation.fr

Sur Asmahan : «J’aime dessiner des uniformes, ça rend bien tout de suite»
Sur Oum Kalthoum à l’Olympia : «Il y avait des scènes d’adoration, des gens à quatre pattes, "implorant Dieu sait quoi"»
Sur le monde arabe : «Dans les années 70, il y a le côté un peu fou, pop, de la guerre. Les miliciens étaient en chemise hawaïenne»
Au Brésil, «la fête est terminée»
Kunduz: l'embarras américain après le bombardement de l'hôpital de MSF