L'Allemagne rappelle la nécessité des accords de Minsk

Un militaire ukrainien dans le Donbass. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a réaffirmé lundi la nécessité de s'en tenir aux accords de Minsk entre la Russie et l'Ukraine en dépit du regain de tension en Crimée. /Photo prise le 12 août 2016/REUTERS/Gleb Garanich

par Andrew Osborn et Polina Devitt MOSCOU (Reuters) - Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a réaffirmé lundi la nécessité de s'en tenir aux accords de Minsk entre la Russie et l'Ukraine en dépit du regain de tension en Crimée. Le chef de la diplomatie allemande s'exprimait devant des étudiants de l'université d'Iekaterinbourg au côté de son homologue russe, Sergueï Lavrov, au moment où le ton est de nouveau monté entre Moscou et Kiev. Lavrov a promis que la Russie assumerait sa part de l'accord. Vladimir Poutine estime, pour sa part, que de nouvelles discussions qui auraient pu se tenir en marge du sommet du G20 le mois prochain en Chine n'étaient pas nécessaires, laissant supposer que Moscou était prêt à abandonner le processus de paix. La Russie a affirmé mercredi dernier qu'elle avait repoussé deux incursions armées ukrainiennes en Crimée, annexée par la Russie en mars 2014. Selon Vladimir Poutine, l'Ukraine cherche à provoquer un nouveau conflit et à déstabiliser le territoire. Les autorités ukrainiennes ont démenti ces accusations, le président ukrainien Petro Porochenko dénonçant des allégations "ridicules et cyniques", qu'il a qualifiées de "fantasmes" servant de prétexte à de nouvelles menaces militaires contre son pays. "Il y a eu un pic de tension à propos de la Crimée au cours des derniers jours et cela nous inquiète", a estimé le ministre allemand. "L'essentiel est que la situation n'échappe pas à tout contrôle. Nous appelons tout le monde à une désescalade", a-t-il dit. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a indiqué vendredi que la Russie serait contrainte de rompre ses relations diplomatiques avec l'Ukraine si la crise venait à s'aggraver. Sergueï Lavrov a précisé que le gouvernement russe avait examiné une possible relance des négociations dans le cadre du "format Normandie" à quatre pays (Ukraine, Russie, France et Allemagne). "Je ne pense pas que nous soyons actuellement dans une situation où quelqu'un a intérêt à rompre les relations diplomatiques (entre la Russie et l'Ukraine)", a commenté Sergueï Lavrov. "C'est une mesure extrême et il me semble que le principal est de ne pas tomber dans l'émotion ou dans les scénarios extrêmes, mais d'agir avec retenue et de se concentrer sur une stabilisation de la situation", a-t-il poursuivi. Concernant les accusations de tentative de sabotage en Crimée, le chef de la diplomatie russe a affirmé disposer de "preuves irréfutables" montrant qu'il s'agissait d'une opération "planifiée depuis longtemps par le renseignement militaire ukrainien afin de déstabiliser la Russie en Crimée". "Nous sommes prêts à présenter de nouveaux éléments à nos partenaires occidentaux", a-t-il poursuivi. Négociés en février 2015 par l'Allemagne et la France, les accords de Minsk-2 qui visent à régler le conflit en Ukraine mettent en oeuvre un cessez-le-feu et un retrait des armes lourdes sur le terrain et comportent aussi un processus politique censé tourner la page du conflit entre les séparatistes prorusses de l'Est et le pouvoir central de Kiev. (Polina Devitt; Henri-Pierre André pour le service français)