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L'Algérien Belmokhtar tué par une frappe américaine, dit la Libye

par Ahmed Elumami et Peter Cooney TRIPOLI/WASHINGTON/ALGER (Reuters) - L'Algérien Mokhtar Belmokhtar, figure de l'insurrection djihadiste en Afrique du Nord et au Sahel, a été tué lors d'une frappe aérienne des Etats-Unis dans l'est de la Libye, a annoncé le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Le chef djihadiste, né en 1972 en Algérie, est considéré comme l'organisateur de la prise d'otages de janvier 2013 sur le complexe gazier d'In Amenas en Algérie. Quarante personnes qui travaillaient sur le site avaient été tuées. Il est également connu pour avoir enlevé plusieurs étrangers. Si elle est confirmée, la mort de celui que les forces françaises ont surnommé l'"insaisissable" serait un coup très important à l'encontre des groupes liés à Al Qaïda dans la région. Selon des militaires libyens, la frappe aérienne a fait 17 morts parmi les islamistes réunis près de Benghazi. Un responsable américain, sous le sceau de l'anonymat, a évoqué une vingtaine de tués. "L'attaque menée par les forces américaines a visé une ferme (...) alors que Belmokhtar était en réunion avec d'autres dirigeants", rapporte l'agence de presse libyenne LANA. Selon une source militaire libyenne, la frappe a été menée à Ajdabiya, ville du nord-est de la Libye située à 150 km au sud de Benghazi. Un habitant d'Ajdabiya a en effet évoqué une frappe aérienne qui semblait bien plus précise que celles menées par les forces libyennes. Washington a précisé lundi que l'attaque aérienne, après coordination avec le gouvernement libyen, avait été menée par au moins un chasseur F-15. "Selon les premières estimations, cette attaque a été un succès", a dit le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone, sans pouvoir toutefois confirmer avec certitude la mort du chef djihadiste. MORT ANNONCÉE PLUSIEURS FOIS Le Pentagone avait auparavant annoncé que l'armée de l'air américaine avait mené samedi soir une frappe contre une cible liée à Al Qaïda en Libye et que des précisions ne pouvaient être fournies tant que les résultats de cette opération étaient encore à l'étude. En visite à Alger, le président français François Hollande a déclaré lundi qu'il y avait "une très grande probabilité que Belmokhtar ait été tué". "Il y a un faisceau d'informations qui nous laissent penser qu'il a bien été tué dans cette opération", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "La France a été informée de l'opération mais n'y a pas participé", a-t-il ajouté. Après avoir été associé à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mokhtar Belmokhtar avait créé son propre groupe, "Ceux qui signent par le sang", mais il restait lié à la direction centrale d'Al Qaïda. La mort de Mokhtar Belmokhtar a été annoncée plusieurs fois. On a notamment cru qu'il avait été tué au Mali en 2013. Après avoir été formé en Afghanistan où il est gravement blessé à l'oeil droit, d'où son surnom de "le Borgne", Mokhtar Belmokhtar a participé à la guerre civile en Algérie dans les années 90. Au fil des ans, il est devenu une figure de la contrebande, du trafic d'armes et des insurrections dans la région et notamment au Mali. Il s'est également fait connaître en fournissant des armes aux groupes islamistes ainsi qu'en tant que trafiquant de cigarettes, ce qui lui a valu le surnom de "M. Marlboro" au sein de la population du Sahara. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a progressivement glissé dans le chaos, ce dont ont profité divers groupes islamistes. Certains sont alliés à Al Qaïda, d'autres à l'Etat islamique (EI) et d'autres ont des allégeances locales. La Libye a aujourd'hui deux gouvernements, l'un, reconnu par la communauté internationale, qui s'est réfugié dans l'est du pays, à Al Baïda, et l'autre à Tripoli, la capitale contrôlée depuis août dernier par les miliciens de l'Aube libyenne. (Avec Patrick Markey, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)