«L'Algérie veut inscrire ce rapt dans un contexte international pour se dédouaner»

Des soldats algériens ce mardi près du village d'Ait Ouabane, où a été enlevé le Français Hervé Gourdel dimanche.

Louisa Ait Hamadouche, politologue à l’Université d’Alger, commente la situation sécuritaire de la Kabylie après l'enlèvement du Français Hervé Gourdel.

Louisa Ait Hamadouche est professeur de Sciences politiques à l’Université d’Alger. Elle dresse un panorama de la situation sécuritaire dans cette région montagneuse où le guide de montagne Hervé Gourdel a été enlevé dimanche soir.

A 70 km d’Alger, la Kabylie est une région de totale insécurité?

De relative insécurité. Mais effectivement un vide sécuritaire s’est installé dans les années 2000. Ce sentiment d’abandon est aussi vivement ressenti par les populations. Depuis une quinzaine d’années on a vu apparaître une économie crapuleuse faite de rapts. Les kidnappings ont prospéré: enlèvements de commerçants, de chefs d’entreprise, d’artisans… Aujourd’hui ce randonneur français par un groupe qui se réclame de l’Etat islamique.

Alger insiste sur son pouvoir fort et prône une guerre sans relâche contre le terrorisme…

Oui c’est en effet l’image qui est renvoyée hors d’Algérie. Mais avec cet enlèvement on voit aussi que le succès antiterroriste est relatif. Le kidnapping du randonneur français s’inscrit dans un zéro défaut revendiqué par le pouvoir central mais qui évidemment n’existe pas et qui est mis à mal.

Le pouvoir est donc pris à défaut?

On peut le voir ainsi mais disons que dans un sens cela peut légitimer les efforts de l’Etat et les déploiements des forces armées: vous voyez bien qu’on a bien fait de combattre les réseaux transnationaux avec ce qui arrive! Ce qui me fait dire que le pouvoir veut inscrire ce rapt dans un contexte international afin aussi de se dédouaner ou d’amoindrir sa propre responsabilité. C’est d’ailleurs ce qu’on voit à travers la presse algérienne qui, certes ne l’a pas passé sous silence, mais n’en pas fait une immense couverture.

Quid des populations locales?

Elles ont pu collaborer ou pourront collaborer avec les forces de l’ordre en sachant aussi qu’elles se sentent abandonnées, (...)

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