L'AKP s'apprête à remplacer Ahmet Davutoglu en Turquie

Turkey's Prime Minister Ahmet Davutoglu addresses members of parliament from his ruling AK Party (AKP) during a meeting at the Turkish parliament in Ankara, Turkey, May 3, 2016. REUTERS/Umit Bektas - RTX2CLCA

ANKARA (Reuters) - Le Parti de la justice et du développement (AKP) organisera dans les semaines à venir un congrès extraordinaire lors duquel son président, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, ne sollicitera pas de nouveau mandat, a-t-on appris auprès de hauts responsables de la formation politique au pouvoir. Cette mise à l'écart devrait signifier la fin de son mandat de Premier ministre, le chef de l'AKP, au pouvoir depuis 2002 en Turquie, ayant toujours été également à la tête du gouvernement. La décision a été prise après une rencontre d'une heure et demi entre Ahmet Davutoglu et le président Recep Tayyip Erdogan. Les deux hommes entretiennent une relation tendue depuis que Davutoglu a succédé en 2014 à Erdogan au poste de Premier ministre, quand ce dernier a été élu président. Le chef de l'Etat veut instaurer un régime présidentiel fort qu'il justifie par sa volonté d'épargner à la Turquie les querelles partisanes qui ont entravé le développement du pays dans les années 1990. Ses détracteurs y voient surtout un moyen de combler de hautes ambitions personnelles. Un tel système présidentiel signifierait la mise sur la touche de Davutoglu, ancien diplomate aux manières beaucoup plus policées que le président. Les divergences entre le chef de l'Etat et son successeur à la tête de l'AKP sont devenues de plus en plus visibles ces derniers temps sur un certain nombre de sujets, qu'il s'agisse des relations avec l'Europe ou de la mise en détention d'opposants. Signe de la lutte de pouvoir en cours, Ahmet Davutoglu s'est vu retirer la semaine dernière le pouvoir de nommer les responsables provinciaux de l'AKP. "Le président et le Premier ministre ont trouvé un terrain d'entente sur le congrès (...). Je ne pense pas que Davutoglu sera à nouveau candidat", a dit une source à Reuters qui a précisé que le congrès serait organisé le 21 mai au plus tôt et le 6 juin au plus tard, date à laquelle commencera le mois de ramadan. Un départ d'Ahmet Davutoglu plongerait la Turquie dans une nouvelle zone de turbulences alors qu'elle est confrontée à un retour de la rébellion kurde et à la propagation du conflit syrien à sa frontière sud. La livre turque a cédé plus de 4% contre le dollar, tombant à son plus bas niveau depuis février, à l'annonce de cette décision de l'AKP. (Orhan Coskun et Ercan Gurses,; Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)