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Comment l'affaire Hulot s'invite dans la campagne présidentielle

Yannick Jadot photographié à Saint-Pere-en-Retz près de Nantes le 22 octobre.  (Photo: Stephane Mahe via Reuters)
Yannick Jadot photographié à Saint-Pere-en-Retz près de Nantes le 22 octobre. (Photo: Stephane Mahe via Reuters)

POLITIQUE - Surtout ne pas donner l’impression d’avoir la main qui tremble. Ce samedi 27 novembre, Matthieu Orphelin, longtemps proche de Nicolas Hulot, a été écarté de l’équipe de campagne de Yannick Jadot, où il occupait le poste de porte-parole. Une décision qui intervient dans un contexte où la justice a décidé de se saisir après les révélations faites par “Envoyé Spécial”, au sujet de multiples agressions sexuelles dont est accusé l’ancien ministre de la Transition écologique. “La sérénité nécessaire à l’exercice de ses fonctions n’est plus possible”, justifiait dans un communiqué le directeur de campagne du candidat écolo, Mounir Satouri.

La réaction du député du Maine-et-Loire, soutien de Yannick Jadot depuis la primaire écologiste, n’a pas tardé. Dans un communiqué, l’élu passé par La République en Marche assure qu’il n’a “jamais couvert le moindre agissement répréhensible de Nicolas Hulot” et réaffirme son “soutien” aux victimes “qui ont eu le courage de faire ces témoignages terribles”. Si Matthieu Orphelin jure que sa situation personnelle “importe peu” au regard de l’affaire, il prend tout de même soin d’y accorder un paragraphe, rédigé sous forme de règlement de comptes.

“Tensions internes”

“J’avais signifié cette semaine à Yannick Jadot que je souhaitais mettre fin à mes fonctions de porte-parole avant le 20 décembre, après déjà plusieurs alertes -non entendues- au candidat Jadot ces dernières semaines, compte tenu des difficultés de la campagne et de ma non-adhésion à ses choix stratégiques”, grince le parlementaire, évoquant plus loin des “tensions internes” qui mineraient l’équipe du candidat écologiste. Réponse lapidaire de l’entourage de Yannick Jadot: “Nous prenons le parti de ne pas commenter l’aigreur, car c’est inutile”.

Depuis les révélations faites par “Envoyé Spécial”, l’état-major écolo tient effectivement à se montrer particulièrement intransigeant, en rappelant que Nicolas Hulot n’a jamais fait partie de la famille d’EELV. En outre, Sandrine Rousseau a exprimé son “immense respect” aux femmes qui ont brisé le silence et, ce dimanche, salué le départ de Matthieu Orphelin. “C’est la première fois que dans une campagne électorale, les violences sexistes et sexuelles sont prises avec tant de sérieux”, a commenté la finaliste de la primaire écolo.

Toujours dans cette volonté d’ériger un cordon sanitaire entre cette affaire et EELV, les responsables du parti rappellent également que Nicolas Hulot avait obtenu le soutien sans faille du gouvernement au moment où la plainte le concernant avait été rendue publique.

Secrétaire nationale adjointe du parti écolo, Sandra Regol a estimé ce samedi sur franceinfo que le gouvernement et Emmanuel Macron “doivent s’excuser” pour avoir fait bloc derrière celui qui était à l’époque ministre de la Transition écologique. “Le Premier ministre, des ministres, des secrétaires d’État et même le président de la République, tout le monde a dit ‘circulez, il n’y a rien à voir’. Est-ce que vous imaginez le message pour toutes les femmes qui souffrent de violences sexuelles?”, a-t-elle interrogé.

Enfin, le positionnement de Marlène Schiappa, qui était allée jusqu’à publier une tribune de soutien dans le JDD au moment de cette affaire, lui revient comme un boomerang.

Ce qui commence à agacer au sein de la macronie, où certains essaient de renverser l’accusation. “Si on regarde d’où ça vient, entre Baupin et Hulot...”, glisse au JDD ce dimanche 28 novembre, un responsable macroniste ciblant ouvertement les écolos. ”À en écouter certains, tout était déjà connu. Alors pourquoi se sont-ils tus?”, interroge dans le même hebdomadaire un conseiller de l’exécutif.

Une question à laquelle les écolos ont répondu dès l’éclatement de l’affaire, en affirmant qu’avant même la plainte révélée en 2018 “plus personne ne l’a invité au nom d’EELV”.

À voir également sur Le HuffPost: Nicolas Hulot pris à partie par un groupe de féministes lors d’une conférence à Tours

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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