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L'accord sur les zones de sécurité en Syrie va entrer en vigueur

Un accord conclu jeudi entre la Russie, la Turquie et l'Iran en vue de créer en Syrie des zones de sécurité où toutes les armes devront se taire va entrer en vigueur vendredi à minuit. /Photo prise le 3 mai 2017/REUTERS/Alexander Zemlianichenko

MOSCOU (Reuters) - Un accord conclu jeudi entre la Russie, la Turquie et l'Iran en vue de créer en Syrie des zones de sécurité où toutes les armes devront se taire va entrer en vigueur vendredi à minuit, rapportent les agences de presse russes. L'aviation russe, qui appuie les forces du président syrien, Bachar al Assad, continuera cependant à bombarder les positions du groupe djihadiste Etat islamique (EI) où qu'elles se trouvent dans le pays, dit le ministère de la Défense cité par la presse. La première et plus grande zone de sécurité va couvrir la totalité de la province d'Idlib, entièrement aux mains des rebelles, ainsi que des secteurs adjacents des provinces de Lattaquié, Alep et Hama abritant en tout plus d'un million d'habitants, indique le ministère. La décision de créer ces zones, prise lors d'une réunion organisée à Astana, a été critiquée par l'opposition syrienne, qui estime qu'elles remettent en cause l'intégrité territoriale de la Syrie et éloignent la perspective d'une transition politique à Damas. L'opposition en outre dit douter de la sincérité de la Russie et dénonce le fait que l'Iran soit un garant de l'accord. "Ce n'est pas la première fois" qu'une trêve est annoncée sans être respectée par Damas et Moscou, a commenté un porte-parole du groupe rebelle Djaïch al Nasr, Mohamed Rachid. "Tant que les avions bombardent des civils, on ne peut pas parler de cessez-le-feu. Quand ils arrêteront, on pourra travailler à la recherche d'une solution politique." La Russie a affirmé vendredi avoir arrêté de bombarder les territoires inclus dans les zones de sécurité depuis le 1er mai. Le gouvernement syrien s'est également dit favorable à leur mise en place mais il a promis de continuer le combat contre les terroristes -- un terme par lequel il désigne généralement l'ensemble des groupes insurgés. ENTRETIEN LAVROV-TILLERSON Le Haut conseil national (HCN), principale organisation de l'opposition syrienne basée à Riyad, a exprimé sa prudence face "à la partition du pays grâce à des moyens vagues baptisés 'zones de désescalade'". Le HCN, qui estime que cette proposition est illégitime, refuse également que l'Iran joue un rôle de garant de son application. La signature de cet accord de "désescalade" a été rendue possible par le changement d'attitude des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, a déclaré aux agences de presse russes le vice-ministre de la Défense, Alexandre Fomine. Il a estimé que le soutien de ces deux pays à la création des zones de sécurité était la meilleure garantie de leur mise en oeuvre. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est entretenu vendredi au téléphone avec son homologue américain Rex Tillerson d'une "stabilisation" du processus de cessez-le-feu, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères, sans plus de précision. A Washington, le porte-parole du Pentagone, le capitaine Jeff Davis, a déclaré que la coalition formée par les Etats-Unis pour lutter contre l'Etat islamique poursuivait ses opérations mais n'a pas souhaité faire de commentaire sur les zones de sécurité. Si l'EI est absent de la province d'Idlib, des avions ou des drones de la coalition y ont bombardé à plusieurs reprises des cibles liées à Al Qaïda. Outre l'interdiction de l'usage de tous les types d'armes dans ces zones de "désescalade" qui ont aussi été intensément bombardées par les avions russes et syriens ces dernières semaines, l'accord prévoit que de l'aide humanitaire pourra y être acheminée. Peu de détails ont en revanche filtré sur les modalités de la supervision de la trêve, même si Moscou a évoqué un possible déploiement d'observateurs étrangers. (Katya Golubkova, avec Ellen Francis à Beyrouth Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser)