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L'accord pour libérer les lycéennes nigérianes vaudrait toujours

Manifestation à Abuja en faveur de la libération des quelque 200 collégiennes enlevées par Boko Haram en avril. Le Tchad estime que l'accord secret conclu entre le Nigeria et les islamistes pour leur libération est encore valable malgré la rupture de la trêve prévue. /Photo prise le 17 octobore 2014/REUTERS/Afolabi Sotunde

par Emma Farge et Moumine Ngarmbassa N'DJAMENA (Reuters) - Le Tchad estime que l'accord secret conclu entre le Nigeria et les islamistes de Boko Haram pour la libération des quelque 200 lycéennes enlevées en avril à Chibok dans le nord du Nigeria est encore valable malgré la rupture de la trêve prévue. Depuis l'annonce, la semaine dernière, de cet accord conclu sous la médiation du Tchad, des doutes sont apparus. Un cessez-le-feu, présenté comme partie intégrante de l'accord, a été violé et un nouvel enlèvement de 25 jeunes filles vient d'avoir lieu. Selon Moussa Mahamat Dago, numéro deux du ministère tchadien des Affaires étrangères, il est apparu que certains sous-groupes de Boko Haram refusaient de respecter l'accord, qui a été conclu lors de deux réunions les 14 et 30 septembre au Tchad sous l'égide du ministère tchadien des Affaires étrangères en présence de deux représentants de Boko Haram et de deux négociateurs nigérians. "Il est tout à fait possible que ceux qui combattent soient des dissidents que même eux (Boko Haram) ne sont pas capables de contrôler. Pour l'instant, il n'y a pas de raison (...) de douter de cet accord", a déclaré jeudi soir à Reuters Moussa Mahamat Dago, dans la capitale tchadienne, N'Djamena. "Ce que je peux dire est que ceux qui ont négocié avec le gouvernement nigérian l'ont fait de bonne foi (...) Nous attendons la prochaine phase qui est la libération des filles." Moussa Mahamat Dago explique que les deux parties se sont mises d'accord verbalement sur une série de points, résumés dans un document qu'il a pu voir. Il prévoit notamment la libération des lycéennes et d'un certain nombre de combattants de Boko Haram. Il a précisé que "la condition de départ" de Boko Haram était la libération de certains de ses membres mais il ajoute que le nombre et l'identité des combattants à libérer n'ont pour l'instant pas été spécifiés. PAS DE CALENDRIER Il dit toujours espérer que les lycéennes soient libérées mais ne donne pas de calendrier. Les négociateurs de Boko Haram ne sont plus au Tchad. Ils avaient accepté d'y revenir en octobre, une fois les filles libérées pour poursuivre les négociations, ajoute Moussa Mahamat Dago. Une première étape de l'accord a toutefois été mise en oeuvre avec la libération d'un groupe de 27 otages chinois et camerounais par Boko Haram dans le nord du Cameroun, rappelle Moussa Mahamat Dago. "Nous restons optimistes. Les deux parties ont accepté de trouver une solution négociée et, pour montrer leur bonne foi, certains otages ont déjà été libérés et un cessez-le-feu a été annoncé", ajoute le fonctionnaire. Il serait, dit-il, embarrassant pour le Tchad, qui est apparu en pointe dans la diplomatie au Sahel ces dernières années, si les négociations échouaient et que les filles n'étaient pas libérées. Les négociateurs avaient-ils l'autorité nécessaire pour parler au nom du chef de Boko Haram, le très secret et versatile Abubakar Shekau, que l'armée nigériane a à de nombreuses reprises annoncé avoir tué ? Le numéro deux du ministère tchadien des Affaires étrangères s'en dit persuadé. "Ce sont des émissaires qui répondent à leur chef Shekau qui a lui-même confirmé que ces émissaires parlaient en son nom. Cela a été confirmé par écrit au gouvernement tchadien", assure Moussa Mahamat Dago. Il confirme l'identité des négociateurs donnée par la presse locale : le cheikh Goni Hassane et le cheikh Boukar Umarou. Le Tchad, poursuit-il, ne sait pas où sont les lycéennes, mais elles ont sans doute été réparties sur une vaste zone. Les otages chinois récemment libérés, souligne-t-il, ont été retrouvés éparpillés dans tout le nord du Cameroun. (Danielle Rouquié pour le service français)