L'accord de Paris, une victoire personnelle pour Ban Ki-moon

par Alister Doyle et Bruce Wallace PARIS (Reuters) - Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, était l'un des dirigeants les plus radieux -- et aussi les plus soulagés -- samedi soir à l'annonce de l'accord sur le climat, à l'issue de la COP21. Depuis près de dix ans, malgré difficultés et rebuffades, Ban a plaidé à travers le monde pour la défense de la planète et l'accord conclu à Paris est pour lui une victoire personnelle qui efface les mauvais souvenirs de l'échec du sommet de Copenhague en 2009. "C'est le triomphe du multilatéralisme", a-t-il dit à Reuters à propos de cet accord auquel sont parvenus 195 pays à l'issue de négociations souvent difficiles. "C'est un tournant décisif dans nos efforts communs en vue d'améliorer la vie des populations et d'avoir une planète saine", a-t-il poursuivi. "Nous devons nous assurer que tous ces accords seront bien appliqués. Pour cela, je n'épargnerai aucun effort jusqu'à la fin de mon mandat de secrétaire général." A 71 ans, Ban a déployé une énergie peu commune tout au long des négociations, ce qui lui a valu les louanges de ses partenaires. Il accueillera le 22 avril 2016 aux Nations unies la cérémonie officielle de signature de l'accord. Le mois suivant sera organisée une réunion pour encourager les gouvernements, les entreprises et la société civile à agir sans attendre en faveur du climat. "JE N'AI JAMAIS RENONCÉ" Dès son arrivée à la tête de l'Onu en 2007, ses conseillers l'avaient pourtant mis en garde à propos des négociations sur le réchauffement climatique, dont il voulait faire une de ses priorités. Il ne s'était pas laissé décourager et avait ignoré leurs conseils. Il avait même reçu les encouragements de l'ancien président américain George W. Bush, dont l'administration était pourtant sensible aux arguments des "climatosceptiques". Lors de la conférence de Bali en 2007, alors que Bush était encore en fonction, les Etats-Unis avaient été les derniers à lever leur opposition aux négociations qui devaient conduire deux ans plus tard au sommet de Copenhague. A Bali, le président américain avait discrètement conseillé à la diplomate qui dirigeait la délégation américaine "de faire ce que désirait le secrétaire général des Nations unies" -- un coup de pouce que George W. Bush devait révéler deux ans plus tard à Ban Ki-moon, qui reconnaît lui vouer encore aujourd'hui une énorme gratitude. Mais l'échec cuisant du sommet de Copenhague reste pour le chef des Nations unies "l'un des pires moments de frustration". "Pourtant je n'ai jamais renoncé", dit-il aujourd'hui, contrairement à d'autres dirigeants qui se sont alors consacrés à d'autres priorités que le climat, comme la crise financière. Ce sont des ruines de Copenhague, toutefois, que sont sorties les bases de l'accord de Paris, souligne-t-il. (Guy Kerivel pour le service français)