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L'accord avec l'Iran est une menace pour Israël, juge Netanyahu

L'accord-cadre de Lausanne sur le nucléaire iranien représente une menace pour l'existence d'Israël, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu( photo) lors d'une conversation téléphonique avec le président américain Barack Obama. /Photo prise le 1er avril 2015/REUTERS/Debbie Hill/Pool

par Ori Lewis JERUSALEM (Reuters) - L'accord-cadre de Lausanne sur le nucléaire iranien représente une menace pour l'existence d'Israël, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une conversation téléphonique avec le président américain Barack Obama, rapportent vendredi les services du chef du gouvernement israélien. "Cet accord légitimerait le programme nucléaire de l'Iran, renforcerait son économie et accentuerait les agressions et le terrorisme de l'Iran dans tout le Moyen-Orient et au-delà", a-t-il dit. "Il accentuerait les risques de prolifération nucléaire dans la région et les risques d'une guerre atroce", a-t-il ajouté. L'accord d'étape conclu jeudi à Lausanne après huit jours de négociations marathon entre l'Iran et les puissances dites du P5+1 va devoir à présent être concrétisé par un règlement définitif global sur le programme nucléaire de Téhéran le 30 juin au plus tard. Dès jeudi soir, Barack Obama a téléphoné à Benjamin Netanyahu pour discuter de l'issue des négociations de Lausanne, faisant valoir que ce compromis constituait un progrès important vers la recherche d'une solution durable à même d'empêcher l'Iran de se doter un jour de l'arme atomique. Benjamin Netanyahu, qui devrait réunir dans la journée les ministres de son conseil de sécurité intérieure, redoute de longue date un accord des grandes puissances avec Téhéran sur le programme atomique iranien. Il l'avait fait savoir haut et fort dans un discours prononcé début mars devant le Congrès américain, à l'invitation des républicains, et qui avait tendu un peu plus encore ses relations avec Barack Obama. "Cet accord ne sera pas un adieu aux armes, mais un adieu au contrôle des armes et un compte à rebours avant un potentiel cauchemar nucléaire", avait-il lancé de la tribune du Congrès. "L'ACTION MILITAIRE EST TOUJOURS SUR LA TABLE" Dans le communiqué diffusé après son entretien avec le président américain, il souligne qu'"un accord basé sur ce cadre menacera l'existence d'Israël". Quelques heures plus tôt, alors que les détails étaient en cours de finalisation à Lausanne, il réclamait encore via son compte Twitter que tout accord avec l'Iran "réduise de façon considérable le potentiel nucléaire" de Téhéran. Par le passé, l'Etat hébreu a indiqué à plusieurs reprises qu'il n'hésiterait pas à envisager une action unilatérale pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, un avertissement interprété comme une menace d'intervention militaire comparable à la destruction en Irak du réacteur nucléaire d'Osirak en 1981 ou au raid aérien de 2007 en Syrie contre un site présumé sensible. Depuis un peu plus d'un an, les autorités israéliennes se sont gardées d'insister sur cette option, mais le général Nimrod Scheffer, qui commande la direction de la planification de l'armée israélienne, souligne vendredi dans les colonnes du quotidien Israël Hayom qu'elle reste une possibilité. "L'action militaire a toujours été sur la table, comme nous l'avons toujours dit. Si elle n'a plus été mentionnée récemment dans les médias, cela ne reflète pas un changement de politique", prévient-il. La probabilité d'une intervention unilatérale d'Israël en Iran ne semble guère élevée, mais le gouvernement Netanyahu peut être tenté de s'appuyer sur le Congrès américain, contrôlé par le Parti républicain, pour faire pression sur l'administration démocrate de Barack Obama. "L'alternative est de rester fermer et d'accroître la pression sur l'Iran jusqu'à obtention d'un meilleur accord", souligne le Premier ministre israélien dans son communiqué. "ERREUR HISTORIQUE" ET "CAPITULATION" A l'annonce de l'accord, plusieurs responsables gouvernementaux ont estimé que s'en réjouir revenait à ne pas voir une "triste" réalité et promis de continuer à se battre contre tout "mauvais" accord définitif. "Les sourires à Lausanne sont détachés de la triste réalité, en vertu de laquelle l'Iran refuse de faire quelque concession que ce soit sur le dossier nucléaire et continue de menacer Israël et tous les autres pays du Moyen-Orient", a déclaré le ministre israélien des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz. "Nous poursuivrons nos efforts pour expliquer, et pour convaincre le monde entier, dans l'espoir d'empêcher un mauvais accord (final)", a ajouté le ministre. Un deuxième responsable israélien a estimé que l'accord-cadre avec Téhéran était une "erreur historique" qui donne une légitimité internationale au programme nucléaire iranien, dont le seul objectif, a-t-il dit, est de fabriquer des bombes atomiques. Il équivaut à une "capitulation face aux exigences iraniennes", a ajouté ce responsable, qui s'est exprimé sous le sceau de l'anonymat. (avec Dan Williams, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)