La ZAD de Notre-Dame-des-Landes s'attend à la reprise des expulsions

Les habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont lancé mercredi un appel à leurs soutiens pour s'opposer aux destructions de lieux de vie sur la "zone à défendre", avant une seconde vague d'expulsions attendue jeudi. /Photo prise le 15 avril 2018/REUTERS/Stéphane Mahé

NANTES (Reuters) - Les habitants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont lancé mercredi un appel à leurs soutiens pour s'opposer aux destructions de lieux de vie sur la "zone à défendre", avant une seconde vague d'expulsions attendue jeudi.

Une manifestation est d'ores et déjà prévue samedi dans le centre-ville de Nantes, avec un appel à la "reconstruction" des lieux de vie détruits dès le dimanche matin.

Les menaces surviennent alors que le ministre de l'Agriculture a annoncé lundi à Nantes que quinze premiers "projets agricoles" de zadistes étaient en passe d'être régularisés, tandis que quatorze autres devaient être "approfondis" en vue d'une prochaine réunion prévue en octobre.

"Ceux qui n'ont pas de projet agricole – et par là même ceux qui n'ont rien à faire sur le site – doivent le quitter", a dit à cette occasion Stéphane Travert.

Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes ont déposé 39 demandes de régularisation auprès des services de l'Etat, couvrant ainsi la quasi-totalité des lieux de vie de la ZAD.

Tous les projets ne sont toutefois pas purement "agricoles", comme le demande le gouvernement, certains étant plutôt à caractère "artisanal", "social" ou "culturel". Or, ils n'ont reçu à ce jour "aucune assurance" sur leur pérennité, rappelle un communiqué de presse officiel de la ZAD.

"Le double jeu de l’État, qui alterne négociation et intervention policière musclée, se manifeste (…) par un criant paradoxe : prétendre vouloir accompagner des projets agricoles, tout en entravant les travaux de mise en culture par une occupation policière prolongée", est-il dénoncé.

"Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans les propos du gouvernement sur l'ampleur et la nature de cette opération, qui risque de faire encore de nombreux blessés", ajoute le communiqué, alors que la première vague d'expulsions a fait plus de 300 blessés dans les rangs des zadistes.

Les gendarmes pourraient se concentrer jeudi sur un corps de ferme devenu la "base logistique" des zadistes évacués lors de la première vague d'expulsions, le 9 avril.

Deux zadistes ont été relaxés mercredi "au bénéfice du doute" par le tribunal correctionnel de Nantes pour des "violences" qui leur étaient reprochées après qu'un gendarme eut été blessé lundi au genou par un pavé sur la ZAD.

La procureure de la République avait réclamé quatre et six mois de prison ferme, avec maintien en détention à l'issue de l'audience, pour ce Français de 21 ans et cet Espagnol de 35 ans, qui avaient été interpellés avec des pierres en main.

Seul ce dernier a écopé de trois mois de prison avec sursis pour sa seule "rébellion" lors de son interpellation.

(Guillaume Frouin, édité par Sophie Louet)