La volte-face de Washington sur la torture condamnée

GENEVE (Reuters) - Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) et la Commission internationale des juristes (CIJ) ont condamné jeudi l'apologie de la torture à laquelle Donald Trump s'est livré. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision ABC, mercredi, le nouveau président des Etats-Unis a jugé que la simulation de noyade était une méthode efficace, tout en disant qu'il laisserait son gouvernement se prononcer sur la question. Donald Trump, dit-on de source autorisée, pourrait ordonner sous peu une étude pour savoir s'il doit "relancer le programme d'interrogatoires de terroristes étrangers d'envergure", et si la CIA doit administrer ces sites. Pour Ian Seiderman, membre de la Commission internationale des juristes, "la méthode visant à torturer les détenus et à les faire 'disparaître' (...) est un crime grave qui ne doit pas se reproduire". Amnesty International, Human Rights Watch et Reprieve, une ONG qui a défendu un certain nombre de détenus de Guantanamo, ont également exprimé leur colère. "Qu'un dirigeant politique vante les mérites de la torture, c'est très préoccupant", a déclaré Ewan Watson, porte-parole du CICR. "L'expérience a montré que l'utilisation de la torture ne fonctionne pas, elle ne fait qu'attiser la haine." Selon un document publié par le Washington Post, Donald Trump pourrait en outre abroger plusieurs mesures prises par son prédécesseur Barack Obama, notamment celle autorisant l'accès du CICR à toutes les personnes détenues aux Etats-Unis. Le gouvernement Trump a démenti que ce document provienne de la Maison blanche. Des représentants du CICR ont rendu visite à des détenus emprisonnés dans des geôles américaines en Afghanistan, en Irak et sur la base de Guantanamo. Le résultat de leurs évaluations n'a été transmis qu'aux autorités américaines. "Nous avons de longue date un dialogue constructif et confidentiel avec les autorités américaines sur les questions liées à la détention", a rappelé Anna Nelson, porte-parole du CICR. "Nous avons l'intention de poursuivre les visites des détenus emprisonnés par les autorités américaines, de surveiller leur traitement et leurs conditions de détention et d'échanger avec les autorités sur ces questions importantes", a-t-elle ajouté. (Stephanie Nebehay, Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)