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La Turquie placée en observation par le Conseil de l'Europe

La représentante de la Turquie au Conseil de l'Europe. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Apec) a ouvert mardi une procédure de suivi concernant la Turquie, en raison des nombreuses violations de l’Etat de droit et des droits de l’homme constatées dans le pays. /Photo prise le 25 avril/REUTERS/Vincent Kessler

STRASBOURG (Reuters) - L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Apec) a ouvert mardi une procédure de suivi concernant la Turquie, en raison des nombreuses violations de l’Etat de droit et des droits de l’homme constatées dans le pays. La Turquie a déjà fait l’objet d’une procédure de suivi entre 1996 et 2004. Cette mesure soumet le pays à un contrôle plus étroit du respect des engagements auxquels il a souscrit en adhérant au Conseil de l’Europe, organisme de défense des droits de l'homme qui comprend 47 Etats membres dont 28 sont membres de l'Union européenne. La résolution ouvrant officiellement cette procédure contre la Turquie a été approuvée par 113 voix, contre 45 et 12 abstentions. Pour justifier cette décision, l’Assemblée invoque la régression démocratique du pays qui s'est accentuée depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier. Elle "s’inquiète que l’état d’urgence (qui a suivi) serve non seulement à exclure des institutions étatiques les personnes impliquées dans le coup d’Etat, mais également à faire taire toutes les voix critiques et à générer un climat de crainte parmi les citoyens ordinaires et les universitaires, au sein des organisations non gouvernementales et des médias indépendants, au risque d’ébranler les fondations d’un Etat démocratique". Le ministère turc des Affaires étrangères a fermement condamné ce qu'il qualifie de "décision injuste" et estimé que la xénophobie et de l'islamophobie "se propageaient de façon violente" en Europe. "Décider de rouvrir la procédure de suivi contre la Turquie, suivant les recommandations de cercles malveillants de l'Apec, est une honte pour cette instance qui se revendique comme le berceau de la démocratie", estime le ministère turc dans un communiqué en ajoutant qu'Ankara n'aurait pas d'autre choix que de réexaminer ses relations avec le Conseil de l'Europe. L'Assemblée veut protester contre la levée de l’immunité de 154 parlementaires et l’arrestation de douze d’entre eux, celle de plus de 150 journalistes ainsi que les purges qui ont touché quelque 150.000 agents de la fonction publique. Des parlementaires ont estimé que, dans ces conditions, le résultat du référendum du 16 avril approuvant, par seulement 51,4% des voix contre 49,6%, le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, devait être interprété comme une victoire de l’opposition. "Pour une fois, c’est un 49% qui vaut plus que 51%", a affirmé la socialiste française Josette Durieu qui a salué "le courage de l’opposition" en évoquant "la peur qui s’installe en Turquie". (Gilbert Reilhac et Pierre Sérisier, édité par Yves Clarisse et Danielle Rouquié)