La Turquie expulse une journaliste néerlandaise

Le consulat des Pays-Bas à Istanbul. La Turquie a annoncé jeudi avoir expulsé une journaliste néerlandaise travaillant pour le principal quotidien financier des Pays-Bas en disant la soupçonner d'avoir des liens avec une "organisation terroriste". /Photo d'archives/REUTERS/Huseyin Aldemir

AMSTERDAM (Reuters) - La Turquie a annoncé jeudi avoir expulsé une journaliste néerlandaise travaillant pour le principal quotidien financier des Pays-Bas en disant la soupçonner d'avoir des liens avec une "organisation terroriste".

Le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a précisé par la suite qu'Ankara avait reçu des informations de la police néerlandaise selon lesquelles Ans Boersma, 31 ans, était liée aux djihadistes de l'ex-Front al Nosra syrien.

Une porte-parole du parquet néerlandais citée par le journal Het Parool a nié avoir demandé "l'expulsion ou l'extradition" de la journaliste.

Het Financieele Dagblad, le journal dont Ans Boersma était la correspondante en Turquie depuis 2017, a dénoncé une "violation flagrante de la liberté de la presse".

"Elle a fait son travail avec prudence et responsabilité. Il est particulièrement triste que les journalistes ne puissent pas travailler en paix en Turquie", a écrit le rédacteur en chef du quotidien dans les colonnes du journal.

Ans Boersma avait été arrêtée mercredi alors qu'elle s'était rendue dans un bureau des services de l'immigration à Istanbul pour demander une prolongation de visa.

"Et soudain vous vous retrouvez assise dans un avion en route pour les Pays-Bas", a écrit la journaliste jeudi matin sur Twitter. "J'ai été déclarée 'indésirable' en Turquie", a-t-elle ajouté.

Les derniers articles d'Ans Boersma portaient sur le problème de l'inflation en Turquie et le nouvel aéroport d'Istanbul. Elle avait aussi publié récemment une analyse dans laquelle elle écrivait que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mis à profit le scandale provoqué par le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul pour asseoir son autorité internationale.

La Turquie est le pays où est détenu le plus grand nombre de journalistes dans le monde. Elle figurait en 2018 au 157e rang, sur 180, du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

(Toby Sterling, avec Daren Butler et Dominic Evans en Turquie; Tangi Salaün pour le service français)