La Turquie envisage une enquête de l'Onu dans l'affaire Khashoggi

La Turquie n'est pas satisfaite par le niveau de coopération de l'Arabie saoudite dans l'enquête sur l'assassinat de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi et pourrait demander une intervention des Nations unies, a déclaré mardi le ministre turc des Affaires étrangères. /Photo prise le 20 novembre 2018/REUTERS/Yuri Gripas

WASHINGTON/ANKARA (Reuters) - La Turquie n'est pas satisfaite par le niveau de coopération de l'Arabie saoudite dans l'enquête sur l'assassinat de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi et pourrait demander une intervention des Nations unies, a déclaré mardi le ministre turc des Affaires étrangères.

Mevlut Cavusoglu s'exprimait après une entrevue avec le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à Washington au cours de laquelle il a fait état des dernières informations recueillies par son pays dans cette affaire.

Le président américain Donald Trump a déclaré le même jour qu'il n'entendait pas prendre le risque de détruire l'économie mondiale en faisant preuve de fermeté à l'égard de l'Arabie saoudite dont le prince héritier Mohammed ben Salman est soupçonné par la CIA d'être le commanditaire de cet assassinat.

Ankara est déterminé à connaître la vérité sur le commanditaire de l'assassinat de Jamal Khashoggi et envisage de demander une enquête de l'Onu si la coopération avec les Saoudiens aboutit à une impasse, a dit Mevlut Cavusoglu.

"Jusqu'à présent, nous avons accepté l'offre de coopération de l'Arabie saoudite sans hésitation. Cependant, en l'état, puisque nous ne pouvons obtenir des réponses aux questions que j'ai mentionnées, cette coopération n'est pas au niveau espéré", a-t-il déclaré.

"En cas d'impasse ou s'il n'y a pas une entière coopération, alors nous pourrons faire les demandes appropriées pour une enquête internationale", a ajouté le ministre turc des Affaires étrangères, précisant avoir déjà discuté de la question avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré le mois dernier que le meurtre du journaliste et opposant saoudien avait été ordonné par les plus hautes sphères du royaume wahhabite.

Interrogé sur son sentiment à l'égard de la position des représentants américains et s'il avait l'impression que Washington envisageait de ne pas réagir au meurtre de Jamal Khashoggi, Mevlut Cavusoglu a répondu par la négative.

"Je n'ai pas eu l'impression qu'il n'y aurait pas de suites de la part des Etats-Unis", a-t-il dit, ajoutant que Mike Pompeo lui avait confié attendre les conclusions des enquêtes turque et saoudienne.

(Humeyra Pamuk à Washington et Tuvan Gumrukcu à Ankara; Pierre Sérisier et Jean Terzian pour le service français)