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La Turquie lance un mandat d'arrêt contre Fethullah Gülen

Selon l'agence anatolienne de presse, la justice turque a émis vendredi un mandat d'arrêt contre Fethullah Gülen, dignitaire musulman établi aux Etats-Unis et grand rival du président Recep Tayyip Erdogan, pour terrorisme. /Photo d'archives/REUTERS/Selahattin Sevi/Zaman Daily via Cihan News Agency

ISTANBUL (Reuters) - La justice turque a émis vendredi un mandat d'arrêt contre Fethullah Gülen, dignitaire musulman établi aux Etats-Unis et grand rival du président Recep Tayyip Erdogan, pour terrorisme, rapporte l'agence anatolienne de presse. Un tribunal a accédé à la demande d'un procureur qui a accusé Fethullah Gülen d'avoir mis en place et de diriger un groupe terroriste armé, précise l'agence. Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen sont en conflit ouvert depuis qu'a éclaté un scandale de corruption visant des proches d'Erdogan lorsque celui-ci était encore Premier ministre, il y a un an. Le chef de l'Etat accuse le religieux, qui vit en Pennsylvanie depuis 1999, de comploter pour le renverser, ce que ce dernier dément. Depuis le scandale, Recep Tayyip Erdogan a procédé à une purge massive dans la police et la justice qu'il soupçonne d'avoir été infiltrées par l'organisation de Gülen, qui gère de nombreuses écoles et entreprises en Turquie et dans le monde. Dès le mois d'avril, Erdogan a aussi annoncé son intention de réclamer l'extradition de son rival, mais une telle requête n'est possible qu'après l'émission d'un mandat d'arrêt. Il faut aussi produire la preuve qu'un crime a été commis. Moins d'une semaine après des raids de la police dans plusieurs médias, un tribunal a par ailleurs ordonné vendredi le maintien en détention d'un proche de Fethullah Gülen, Hidayet Karaca, le président de la chaîne Samanyolu Television, et de trois autres personnes en attendant leur procès pour appartenance à un groupe terroriste. Huit autres personnes ont été relâchées, dont le rédacteur en chef du quotidien Zaman, Ekrem Dumanli. L'Union européenne a dénoncé ces perquisitions dans les médias, les jugeant incompatibles avec la liberté de la presse et les valeurs européennes. Erdogan répond que les opérations contre la confrérie de Fethullah Gülen s'inscrivent dans le cadre d'efforts pour déraciner les forces antidémocratiques. (Daren Butler; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)