La tuerie en Californie considérée comme un acte de terrorisme

par Mark Hosenball et Yasmeen Abutaleb WASHINGTON/SAN BERNARDINO, Californie (Reuters) - Les enquêteurs considèrent que le massacre de 14 personnes par un couple marié mercredi à San Bernardino, en Californie, était un acte de terrorisme, a déclaré vendredi un responsable du FBI en confirmant que la femme, Tashfeen Malik, avait prêté allégeance au groupe djihadiste Etat islamique. Selon la chaîne CNN, qui a révélé l'information, la tireuse a publié son serment d'allégeance à Abou Bakr al Baghdadi, le "calife" autoproclamé de l'EI, sur une page Facebook ouverte sous un nom d'emprunt. Cette page a depuis été fermée par Facebook car elle violait ses règles, a indiqué la société californienne. Tashfeen Malik, qui était âgée de 27 ans, et Syed Rizwan Farook, 28 ans, ont été abattus par la police plusieurs heures après la tuerie et la quantité importante de munitions et d'explosifs retrouvés à leur domicile laissent penser qu'ils préparaient d'autres attaques, a dit le responsable du FBI. "Sur la base des informations dont nous disposons et des faits connus, nous enquêtons désormais sur la présomption d'un acte de terrorisme", a déclaré David Bowdich, directeur adjoint du bureau de Los Angeles de l'agence fédérale. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer le rôle que pourrait avoir joué le groupe Etat islamique dans la préparation de cette attaque, la plus meurtrière qu'ait subie les Etats-Unis depuis le massacre de décembre 2012 à l'école élémentaire Sandy Hook de Newtown, dans le Connecticut (27 morts dont 20 enfants et le tireur). Selon une source gouvernementale américaine, la fusillade, qui a également fait 21 blessés, semble pour l'heure avoir été plutôt inspirée et non pas orchestrée par l'EI, contrairement aux attaques du 13 novembre à Paris qui ont fait 130 morts et que le groupe djihadiste a revendiquées dès le lendemain dans un communiqué. Les enquêteurs qui ont fouillé la maison du couple n'ont retrouvé aucun document qui laisse penser que la tuerie a été ordonnée ou organisée par l'EI, a insisté cette source, selon laquelle rien n'indique même que le groupe extrémiste "avait la moindre idée de qui étaient (les tueurs)". Une agence de presse liée à l'EI, Aamaq, a bien affirmé vendredi soir que l'attaque de San Bernardino avait été menée par des partisans du groupe djihadiste mais cette revendication est intervenue après que la prestation d'allégeance de Tashfeen Malik a été publiquement évoquée. D'ORIGINE PAKISTANAISE, PASSÉS PAR L'ARABIE SAOUDITE La jeune femme était originaire de la province pakistanaise du Pendjab, a-t-on appris vendredi auprès de responsables pakistanais. Elle était arrivée en Arabie saoudite à l'âge de deux ans environ mais était retournée dans son pays d'origine il y a cinq ou six ans pour suivre des études de pharmacie. Une source proche du gouvernement saoudien a déclaré que Tashfeen Malik n'avait pas attiré l'attention des autorités pendant son séjour dans le royaume et qu'elle n'était pas connue des services de sécurité ni des services antiterroristes. Né dans l'Illinois, Syed Rizwan Farook était le fils d'immigrés pakistanais. Il avait la nationalité américaine. Selon le FBI, le couple était entré aux Etats-Unis en juillet 2014 après un voyage à l'étranger qui a inclus le Pakistan. Farook a aussi passé une dizaine de jours en Arabie saoudite ce même été 2014, selon l'ambassade saoudienne à Washington. Le couple, qui laisse derrière lui une petite fille de six mois, a ouvert le feu dans une salle de l'Inland Regional Center de San Bernardino en pleine fête de fin d'année organisée par l'agence des services sociaux. Farook en était un employé, chargé de l'inspection sanitaire de restaurants et de piscines. Christian Nwadike, un de ses ex-collègues, a confié vendredi sur CBS qu'il était revenu changé d'Arabie saoudite. "Je pense qu'il a épousé une terroriste", a-t-il ajouté. Mercredi matin, Farook était présent au début de la fête mais en est reparti avant de revenir, armé, avec son épouse. D'après une source fédérale, les enquêteurs tentent de vérifier s'il a eu une altercation verbale avec un de ses collègues sur les "dangers inhérents à l'islam". Avant de passer à l'acte, a ajouté cette source gouvernementale, Farook et Malik ont détruit les disques durs de leurs ordinateurs, que les enquêteurs s'emploient à "faire parler", de même que leurs téléphones portables et autres équipements électroniques. Une importante quantité de munitions (4.500 cartouches en plus des 1.600 qui se trouvaient à l'intérieur de leur voiture) et douze bombes artisanales ont également été découvertes à leur domicile. Le couple n'avait rien laissé entrevoir de ses projets, a déclaré vendredi l'avocat de leur famille. Leurs proches, a déclaré David Chelsey sur CNN, "n'ont jamais vu le moindre signe d'alerte, la moindre caractéristique qui les aurait conduit à penser qu'une chose de ce genre allait se produire". (avec Idrees Ali et Doina Chiacu à Washington, Mehreen Zahra-Malik à Islamabad et Omar Fahmy au Caire; Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)