Publicité

La tension monte en Catalogne à la veille du référendum

par Sam Edwards BARCELONE (Reuters) - La police a mis sous scellés samedi plus de la moitié des écoles où des bureaux de vote devaient être installés dimanche en Catalogne pour le référendum sur l'autodétermination que le gouvernement de Madrid juge illégal. Des partisans de l'indépendance de la région la plus riche d'Espagne se sont installés vendredi soir dans ces lieux, que la police a reçu l'ordre de faire évacuer et de fermer, sans recourir à la force. Au total, dit-on de source autorisée à Madrid, une grosse centaine d'établissements scolaires sont occupés par des activistes et des familles et la police est intervenue dans 1.300 des 2.315 écoles concernées. Le pouvoir central est déterminé à empêcher la tenue du référendum. Des milliers de policiers ont été déployés en renfort des forces locales. Carles Puigdemont, le président de la région autonome de Catalogne, a assuré pour sa part que le vote aurait bien lieu. "Tout est prêt dans les plus de 2.000 bureaux de vote afin qu'ils disposent d'urnes et de bulletins et de tout ce qui est nécessaire pour que le peuple exprime son opinion", a-t-il dit à Reuters vendredi. Les Catalans ont été invités à se présenter devant les bureaux de vote à partir de 05h00 du matin, soit quatre heures avant le début prévu de la consultation. DERNIER MEETING La police espagnole est également intervenue samedi au centre des technologies de l'information et de la communication du gouvernement catalan, a fait savoir un porte-parole de l'administration régionale. Quatre agents sont entrés dans le centre qui se trouve à Barcelone et doivent y rester deux jours, a-t-il précisé. Ni les forces de l'ordre ni le ministère espagnol de l'Intérieur n'ont confirmé l'information. La Haute Cour de Catalogne a ordonné vendredi à la police de prendre les mesures nécessaires pour empêcher tout recours au vote électronique. Un dernier meeting de campagne a rassemblé vendredi soir des partisans de l'indépendance à Barcelone. Au son d'un orchestre, des participants ont formé le slogan "le référendum est la démocratie" en lettres blanches sur scène devant une foule en liesse, au sein de laquelle de nombreuses personnes arboraient le drapeau jaune et rouge de la Catalogne. L'enthousiasme était aussi de mise parmi les personnes qui s'apprêtaient à camper dans des bureaux de vote dont la justice espagnole a ordonné la fermeture. Les opposants à la tenue du référendum ont aussi tenu à faire entendre leur voix. Samedi soir, des milliers d'entre eux se sont rassemblés devant la mairie de Barcelone et le siège du gouvernement catalan en brandissant des drapeaux jaune et rouge aux couleurs de l'Espagne. Plus tôt dans la journée, d'autres manifestants anti-indépendance avaient défilé à Madrid, mais aussi dans d'autres grandes villes comme Cordoue, Malaga ou Saragosse. Dans la capitale, ils brandissaient des pancartes vantant "l'unité espagnole" et agitaient les drapeaux espagnols. De nombreux balcons en étaient ornés. "IL N'Y AURA PAS DE RÉFÉRENDUM" Le chef de la police régionale de Catalogne a ordonné à ses troupes d'évacuer et de fermer les bureaux de vote avant 06h00 dimanche. Dans une note interne publiée par le journal La Vanguardia, Josep Lluis Trapero insiste sur le fait que la force ne doit être employée qu'en dernier recours. "A tout moment, avant de recourir à la force, vous devez tenir compte des conséquences que peut avoir cette intervention policière et éviter d'aggraver cette situation, particulièrement en présence d'enfants, de personnes âgées ou d'autres personnes vulnérables parmi la foule", est-il écrit dans ce document dont l'authenticité a été confirmée par la police catalane. Cette dernière, appelée les Mossos, est assez populaire dans la région, surtout depuis les attaques islamistes à Barcelone et Cambrils en août. Carles Puigdemont assure que les autorités catalanes gardent plus de 6.000 urnes dans des lieux tenus secrets. La police a saisi des milliers de bulletins de vote et la justice a infligé des amendes et menacé d'arrêter les responsables régionaux participant à l'organisation du scrutin. A Madrid, le gouvernement demeure fermement opposé à ce référendum au nom de la Constitution de l'Espagne, qui date de 1978 et proclame le pays indivisible. "J'insiste sur le fait qu'il n'y aura pas de référendum le 1er octobre", a dit le porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo. Une vaste foule de partisans de l'indépendance pourrait se réunir dimanche à Barcelone, dont l'espace aérien sera partiellement fermé sur ordre du gouvernement central. (Avec la rédaction de Madrid, Bertrand Boucey, Jean-Philippe Lefief et Gilles Trequesser pour le service français)