La Syrie doit rendre des comptes sur les détenus morts en prison, dit l'Onu

GENEVE (Reuters) - La commission d'enquête des Nations unies sur les crimes de guerre en Syrie a demandé mercredi au régime de Damas de dire aux familles des disparus ce qu'il est advenu de leurs proches et de restituer les corps de ceux qui ont été exécutés ou sont morts sous la torture en prison.

Il ne sera pas possible d'envisager une paix durable en Syrie sans que justice ne soit rendue, souligne la commission dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l'Onu.

Après des années de mutisme, les autorités syriennes ont rendu public cette année "des milliers ou dizaines de milliers" de noms de Syriens qui seraient morts de "causes naturelles" en détention, principalement entre 2011 et 2014.

"La plupart des décès sont probablement intervenus dans des sites gérés par les services de renseignement ou des agences de l'armée. La commission n'a cependant répertorié aucun cas de restitution des corps ou des effets personnels des personnes décédées", dit le rapport.

La plupart des certificats de décès finalement délivrés aux familles parlent de décès par "crise cardiaque" ou "infarctus", notent les experts indépendants présidés par le Brésilien Paulo Pinheiro.

"Certaines personnes originaires de la même région ont la même date de décès, ce qui pourrait indiquer des exécutions de masse", poursuivent-ils.

Ces certificats mentionnent en grande majorité l'hôpital militaire de Tichrine ou celui de Moujtahid, tous deux proches de Damas, comme lieu de décès, sans préciser où les victimes étaient auparavant détenues.

"Les forces pro-gouvernementales et en premier lieu l'Etat syrien devraient rendre public sans délai le sort des détenus et des disparus", soulignent les experts onusiens en insistant sur la responsabilité des forces du président syrien Bachar al Assad, de la Russie et des milices étrangères qui leur sont affiliées.

Dans un précédent rapport, rendu en 2016, les enquêteurs des Nations unies avaient conclu que l'ampleur des décès en prison rendait le gouvernement syrien passible de poursuites pour "extermination constitutive de crime contre l'humanité".

(Stéphanie Nebehay; Tangi Salaün pour le service français)