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Contre-attaque rebelle dans la province syrienne d'Idlib

BEYROUTH/AMMAN (Reuters) - Les rebelles syriens, dominés par les islamistes du Front al Nosra, ont lancé jeudi une contre-attaque dans la province d'Idlib (nord-ouest de la Syrie) pour contenir l'avance des forces gouvernementales dans cette région frontalière de la Turquie.

Les combats font rage dans ce secteur où l'armée syrienne, appuyée par des miliciens chiites libanais du Hezbollah, a gagné du terrain ces deux dernières semaines.

La région abrite près de trois millions de personnes, dont le nombre s'est accru avec l'arrivée récente de combattants rebelles et de leurs familles, dans le cadre d'accords passés entre insurgés et forces gouvernementales.

Les combats pourraient favoriser les déplacements de population vers la frontière sud de la Turquie, ce qui inquiète Ankara.

Le service d'information du Hezbollah précise que l'armée syrienne et ses alliés ont repoussé "une violente attaque" du Front al Nosra, ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, et d'autres groupes rebelles.

Dans un communiqué, les insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL), alliés à Al Nosra, annoncent avoir mené une contre-attaque pour repousser les forces loyalistes dans les provinces de Hama et d'Idlib.

Tahrir al Cham, une alliance dominée par le Front al Nosra, affirme avoir repris du terrain aux forces gouvernementales qui auraient subi de lourdes pertes.

Les rebelles disent avoir repris une quinzaine de villages et fait prisonniers 60 soldats syriens.

De source militaire syrienne, on dément ces communiqués de victoire présentés comme de la pure propagande, tout en confirmant que de violents combats avaient lieu.

INQUIÉTUDE TURQUE

Le gouvernement de Damas a pris ombrage jeudi des critiques émises par la France à propos de l'offensive des forces loyalistes syriennes dans la province d'Idlib.

Outre l'inquiétude exprimée mercredi par Paris, la Turquie a exhorté la Russie et l'Iran à faire pression sur Damas afin de mettre un terme à cette offensive.

La presse officielle syrienne écrit que le ministère français des Affaires étrangères a fait preuve "d'une grande ignorance à propos de ce qui se passe dans la province rurale d'Idlib". Elle dément en outre que l'armée y vise des civils et des hôpitaux, des accusations lancées par la France.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a invité mercredi Moscou et Téhéran à remplir leurs obligations découlant de l'accord conclu l'an dernier avec Ankara sur les "zones de désescalade".

Dans le cadre du processus d'Astana visant à réduire le niveau de violence en Syrie, Russie, Iran et Turquie ont convenu de mettre en place ces "zones de désescalade", dont l'une dans la province d'Idlib.

La veille, Mevlüt Cavusoglu avait accusé les forces loyalistes de cibler des rebelles modérés et des civils "en prétextant combattre (le groupe djihadiste) Al Nosra".

La Russie accueille les 29 et 30 janvier un "congrès du dialogue national" en Syrie. Mevlüt Cavusoglu a annoncé qu'Ankara organiserait, après la conférence de Sotchi, une réunion sur la Syrie avec les pays qui partagent sa position.

(Tom Perry et Suleiman al-Khalidi; Gilles Trequesser, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)