La Chine pose une sonde sur la face cachée de la Lune

La Chine a réussi jeudi à poser une sonde sur la face cachée de la Lune, une première dans l'histoire de l'exploration spatiale. / Photo prise le 8 décembre 2018/REUTERS

par Michael Martina

PEKIN (Reuters) - La Chine a réussi jeudi à poser une sonde sur la face cachée de la Lune, une première dans l'histoire de l'exploration spatiale.

La sonde Chang'e-4 s'est "posée en douceur" à 02h26 GMT dans une zone préétablie située dans le cratère Von Karman, près du pôle sud de la Lune, a annoncé l'Administration spatiale nationale chinoise, saluant un événement historique.

Chang'e-4, composée d'un atterrisseur et d'un robot d'exploration, avait été lancée début décembre de la base de Xichang, province de Sichuan, dans le centre-sud de la Chine.

De précédents satellites avaient pu observer la face cachée de la Lune, mais aucun ne s'y était jamais posé.

La Lune tourne autour d'elle-même en 29 jours et demi, soit le même rythme que sa rotation autour de la Terre, ce qui explique qu'une moitié du satellite naturel de notre planète ne soit pas visible par l'Homme.

L'alunissage de Chang'e-4 "lève le voile mystérieux" de la face cachée de la Lune et "ouvre un nouveau chapitre dans l'exploration lunaire", a déclaré l'Administration spatiale chinoise dans un communiqué publié sur son site.

La sonde a notamment pour mission d'examiner le sol et la composition minérale de la face cachée et de mesurer son rayonnement neutronique, a-t-elle précisé.

Chang'e-4 est parvenue à transmettre les premières images "à distance rapprochée" jamais obtenues de la face cachée grâce à un satellite-relais, Queqiao, qui tourne en orbite autour de la Lune.

L'agence Chine Nouvelle a publié une photo grand-angle en couleur d'un cratère de la surface de la Lune.

PUISSANCE SPATIALE

La Chine veut jouer un rôle majeur dans l'exploration lunaire et devenir une puissance spatiale majeure aux côtés de la Russie et des Etats-Unis d'ici 2030.

Elle a prévu d'entamer cette année la construction de sa propre station spatiale habitée.

En 2003, la Chine est devenue le troisième pays après l'ex-Union soviétique et les Etats-Unis à envoyer un homme dans l'espace à bord d'un engin fabriqué par ses soins.

En 2013, elle a réussi son premier alunissage même si son robot d'exploration, baptisé Yutu ("Lapin de Jade"), a connu des dysfonctionnements au bout de plusieurs semaines.

En 2017, elle a annoncé qu'elle préparait l'envoi d'un "taïkonaute" sur la Lune.

L'ambitieux programme spatial chinois préoccupe les Etats-Unis, qui accusent Pékin de chercher à développer un arsenal contre les satellites des autres pays.

La Chine, qui affirme que son programme spatial est totalement pacifique, a déjà testé des missiles anti-satellites, tout comme les Etats-Unis.

Dans un espace qui se transforme en lieu d'affrontement selon certains experts (voir), le président américain Donald Trump a annoncé la création d'une nouvelle "force spatiale" d'ici 2020.

La Nasa, l'agence spatiale américaine, prévoit quant à elle de construire d'ici à 2022 un laboratoire spatial en orbite autour de la Lune qui servira d'escale pour des missions vers des parties éloignées du système solaire.

(Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)