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La SocGen veut passer à la vitesse supérieure en Allemagne

Société générale entend accélérer sa croissance en Allemagne dans l'espoir de capter une part de marché plus importante au sein de l'économie la plus puissante de la zone euro et dont le secteur bancaire, encore très fragmenté, est amené à se consolider. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier

par Matthias Blamont

FRANCFORT (Reuters) - Société générale entend accélérer sa croissance en Allemagne dans l'espoir de capter une part de marché plus importante au sein de l'économie la plus puissante de la zone euro et dont le secteur bancaire, encore très fragmenté, est amené à se consolider.

La deuxième banque française cotée, qui emploie quelque 3.100 personnes sur place, est notamment active dans le crédit à la consommation, la location automobile longue durée, le financement d'équipements, l'assurance, la gestion d'actifs, la banque de financement et d'investissement et la conservation de titres.

"L'Allemagne est le pays qui se trouve dans la meilleure situation financière (de la zone euro). Nous considérons que nous avons la possibilité d'y doubler la vitesse de croissance de nos activités par rapport à ce que nous avons connu ces trois dernières années", a déclaré jeudi à la presse Séverin Cabannes, directeur général délégué de Société générale.

"Nous avons des positions de force dans chacun de nos métiers et nous avons donc décidé d'allouer plus de ressources en Allemagne, en termes de capital et de liquidité", a-t-il ajouté, avant d'indiquer que le groupe allait y recruter près de 200 nouveaux collaborateurs dans les prochains mois.

Confrontées à un environnement de taux bas conjugué à des perspectives de croissance anémique en France et inégales dans les pays émergents, les banques françaises considèrent logiquement l'Allemagne comme un marché incontournable. En ligne de mire, les besoins de financement du "Mittelstand", vaste tissu économique constitué de milliers d'entreprises moyennes, pour la plupart non cotées.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que l'économie allemande progresse de 1,4% en 2015, après +1,5% en 2014. Même si cette croissance devrait essentiellement être alimentée par la baisse des cours du pétrole et un euro faible -le traditionnel moteur de l'export ayant perdu de sa vigueur ces derniers mois, elle devrait largement dépasser celle de la France dont le PIB est attendu en hausse de 0,8% cette année.

"L'économie allemande doit faire face actuellement à toute une série de vents contraires", analyse Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur-crédit franco-allemand Euler Hermes.

"Les risques sur les perspectives à l'export s'accroissent, le risque géopolitique russe continue de peser et la France, le premier partenaire commercial, est toujours à la peine. Mais l'Allemagne restera, et de très loin, le plus gros contributeur à la création de richesses dans la zone euro cette année", ajoute-t-il.

Autre facteur de soutien, une nouvelle augmentation attendue des salaires en 2015 qui devrait soutenir la consommation intérieure.

La Société générale vise un taux de croissance de ses activités en Allemagne compris entre 5 et 10% par an "au cours des années à venir". Au titre de 2014, le Produit net bancaire (PNB) devrait s'y établir à un peu plus d'un milliard d'euros.

Sa grande rivale, BNP Paribas veut pour sa part faire progresser ses revenus annuels dans le pays de 1,1 à 1,5 milliard d'euros au cours de la période 2013-2016. Le groupe, qui employait en 2013 quelque 3.500 collaborateurs en Allemagne pour un dispositif couvrant une douzaine de métiers, entend pousser ses pions dans le crédit aux entreprises, la banque de détail avec sa nouvelle offre digitale Hello bank!, l'immobilier et les métiers titres.

Crédit agricole S.A., qui ne communique pas de données chiffrées, est également présent en Allemagne dans les métiers titres, le crédit à la consommation, le crédit-bail et affacturage, la gestion d'actifs et la banque de financement et d'investissement.

UNE SÉRIE D'ACQUISITIONS?

A l'inverse de la France, qui dispose d'un secteur bancaire concentré autour de ses grands établissements "universels", l'Allemagne ne compte que deux grandes banques internationales, Deutsche Bank et Commerzbank.

"Le marché bancaire allemand sera forcément appelé à évoluer. Il y a beaucoup de petits prêteurs régionaux qui n'ont plus nécessairement vocation à continuer d'exister et les ménages et les entreprises veulent des services de plus en plus sophistiqués que les grands acteurs financiers internationaux sont mieux capables de proposer", indique Ludovic Subran.

Reste à savoir si les banques françaises, qui ont passé sans encombre l'examen de la qualité des actifs et les tests de résistance organisés par la Banque centrale européenne à l'automne, sont désireuses de se lancer dans des acquisitions outre-Rhin.

Séverin Cabannes a rappelé jeudi que sa banque n'était pas opposée, par principe, à des opérations de croissance externe mais que le plan de développement en Allemagne donnait la priorité à la croissance organique.

Des médias ont rapporté que Deutsche Bank envisageait des changements stratégiques qui comprennent la vente de sa filiale Postbank. Le président du directoire de Commerzbank, Martin Blessing, a pour sa part estimé en novembre qu'une vague de consolidation allait toucher les caisses d'épargne et les banques coopératives.

En décembre, BNP Paribas a bouclé l'acquisition de la banque en ligne allemande DAB Bank auprès de l'italien Unicredit.

(Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot)