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La situation au Yémen est catastrophique, dit le CICR

par Stephanie Nebehay GENEVE (Reuters) - La situation humanitaire au Yémen, un pays en proie à une guerre civile qui dure depuis plusieurs mois, est "catastrophique", a déploré mardi le président du Comité international de la Croix-rouge (CICR) à l'issue d'une visite de trois jours sur place. Peter Maurer a plaidé à la fois pour que des denrées alimentaires d'urgence, de l'eau et des médicaments puissent être acheminés librement et pour que les belligérants entament des négociations de paix. "La situation humanitaire est tout simplement catastrophique. Toutes les familles au Yémen ont été touchées par le conflit", a-t-il déclaré via un communiqué du CICR. "Le monde doit ouvrir les yeux sur ce qui est en train de se passer", a-t-il ajouté. Depuis le 19 mars, le conflit a coûté la vie à 4.345 personnes et 22.110 autres ont été blessées, selon des chiffres publiés mardi par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). La crise politique s'est transformée en guerre au mois de mars, lorsque les forces houthies, qui s'étaient auparavant emparées de la capitale Sanaa, ont contraint le président, Abd-Rabbou Mansour Hadi, à s'exiler à Riyad. Au même moment, l'Arabie saoudite a formé autour d'elle une coalition et entamé une campagne de bombardements destinée à favoriser le retour du président et à enrayer l'avancée des Houthis, alliés de l'Iran. Les rebelles ont depuis enregistré plusieurs revers, à commencer par la perte d'Aden, la grande ville portuaire du sud du pays. CRIMES DE GUERRE "Les effets combinés des violents combats et des restrictions sur les importations ont des conséquences dramatiques sur la santé. Les installations sanitaires ont été massivement attaquées", selon le président du CICR. "Tout ça ne peut pas continuer. Le Yémen s'effondre. Il faut en urgence permettre la circulation libre de bien vers et à l'intérieur du pays. (...) Il faut en faire davantage", peut-on également lire dans le communiqué. Depuis le mois de janvier, le CICR - l'une des dernières organisations humanitaires internationales encore présentes au Yémen - a permis de fournir de l'eau à plus de deux millions de personnes et des denrées alimentaires ainsi que d'autres biens de première nécessité à plus de 100.000 habitants du pays, précise le communiqué. Les déclarations de Peter Maurer font écho à celles d'autres institutions, comme l'OMS. D'après un porte-parole, Tarik Jasarevic, près d'un quart des installations sanitaires du Yémen ne fonctionnent pas, ou seulement en partie. "Les pénuries d'énergie et de carburant ont conduit à la fermeture d'unités de soins intensifs et de salles d'opérations dans quasiment tous les hôpitaux", ajoute-t-il. Selon Hilal Elver, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, 12,9 millions de personnes au Yémen n'ont pas accès à des denrées alimentaires de base et 850.000 enfants souffrent de malnutrition sévère. "Des sièges dans un certain nombre de provinces, dont Aden, Al Dhali, Lahj et Taiz, ont empêché à des denrées alimentaires de première nécessité, tel que le blé, de parvenir aux populations civiles, tandis que des frappes aériennes ont, selon certaines informations, visé des marchés et des camions pleins de nourriture", a-t-elle affirmé dans un communiqué. Les "famines délibérément imposées aux civils" victimes d'un conflit armé peuvent constituer des crimes de guerre, a-t-elle ajouté. (Simon Carraud pour le service français)