Publicité

Moscou renforce ses flancs ouest et sud face au projet de l'Otan

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgu, en compagnie du président Vladimir Poutine. L'armée russe va être dotée de trois divisions supplémentaires pour faire face à la "menace" croissante des forces de l'Otan à ses frontières. /Photo prise le 16 juin 2015/REUTERS/Maxim Shemetov

MOSCOU (Reuters) - La Russie va renforcer ses flancs ouest et sud avec trois nouvelles divisions d'ici la fin de l'année, a déclaré Moscou mercredi, en s'inquiétant de l'annonce par l'Otan du prochain déploiement de quatre bataillons supplémentaires en Pologne et dans les pays baltes. Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a déclaré lundi que l'Otan envisageait de faire tourner quatre bataillons dans les pays du flanc est de l'Otan, sur fond de montée de la tension dans la Baltique. S'exprimant mercredi à Bruxelles à l'occasion de la prise de fonction du général américain Curtis Scaparrotti à la tête du commandement militaire de l'Otan en Europe, le secrétaire général de l'organisation, Jens Stoltenberg, a justifié cette décision en rappelant l'annexion par la Russie de la Crimée en mars 2014 et le soutien que Moscou apporte aux séparatistes de l'est de l'Ukraine. "Ce que nous faisons est défensif et proportionné (...). Et par conséquent, nous continuerons de répondre", a-t-il déclaré. "Nous n'avions pas de troupes dans les pays baltes (...) avant l'annexion illégale de la Crimée et les activités déstabilisatrices de la Russie dans l'est de l'Ukraine", a ajouté l'ancien Premier ministre norvégien. Durant la même conférence de presse, le général Scaparrotti a promis de poursuivre la stratégie jusqu'ici appliquée par les Occidentaux face aux actions de la Russie. "Je suis convaincu qu'il faut qu'on communique, afin d'éviter un accident ou un malentendu. Mais je soulignerais aussi que les Russes se doivent d'adhérer aux normes et au droit internationaux. Et tant que ce ne sera pas le cas, ces communications seront probablement limitées", a-t-il dit. L'officier américain s'est également dit favorable à l'envoi d'armes à l'Ukraine pour l'aider à défendre son territoire et sa souveraineté. Andreï Keline, chef de département au ministère russe des Affaires étrangères, a estimé mercredi que le projet de déploiement de l'Otan évoqué par Ashton Carter était matière à inquiétude à Moscou. "Cela constituera un renforcement très dangereux des troupes, assez près de nos frontières", a expliqué Keline à l'agence de presse russe Interfax. "Je crains que cela nécessite certaines mesures de rétorsion, que le ministère de la Défense est déjà en train d'évoquer", a-t-il dit. "Le ministère de la Défense a adopté une série de mesures pour tenir tête aux moyens croissants des forces de l'Otan à proximité des frontières russes", a quant à lui déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Les nouvelles divisions russes, qui compteront chacune dans les 10.000 hommes, devraient être déployées dans des régions militaires proches des frontières avec l'Ukraine, la Biélorussie, les pays baltes et la Finlande, de même que, plus au sud, près de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan. Des incidents ont eu lieu ces dernières semaines dans la Baltique, où des avions de l'armée de russe ont décollé d'urgence à plusieurs reprises pour intercepter des appareils de reconnaissance américains. (Lidia Kelly; Tangi Salaün, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)