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La Russie va couper le gaz à l'UE dit Kiev, Moscou nie

Moscou a l'intention de cesser de livrer du gaz à l'Union européenne cet hiver, a affirmé mercredi le Premier ministre ukrainien, tandis que le ministre russe de l'Energie s'est dit "perplexe" après ces déclarations et ouvert à un "dialogue constructif" sur le contentieux gazier avec Kiev. /Photo d'archives/REUTERS/Gleb Garanich

KIEV (Reuters) - Moscou a l'intention de cesser de livrer du gaz à l'Union européenne cet hiver, a affirmé mercredi le Premier ministre ukrainien, tandis que le ministre russe de l'Energie s'est dit "perplexe" après ces déclarations et ouvert à un "dialogue constructif" sur le contentieux gazier avec Kiev. "La situation est très délicate dans le secteur (ukrainien) de l'énergie. Nous savons que la Russie a l'intention de bloquer le transit (du gaz) cet hiver, y compris vers les pays de l'Union européenne", a déclaré Arseni Iatseniouk en conseil des ministres, ajoutant que les entreprises européennes avaient reçu l'ordre de stocker autant de gaz que possible. Le ministre russe de l'Energie a démenti les propos du chef du gouvernement ukrainien, dénonçant des allégations infondées et assurant que la Russie ferait un "maximum d'efforts" pour remplir ses obligations contractuelles envers les importateurs européens indépendamment de tout intérêt politique. Alexandre Novak a également fait savoir que Moscou était ouvert à un "dialogue constructif" sur le dossier de l'énergie avec ses partenaires, y compris l'Ukraine. Cet avertissement sur le dossier gazier ukrainien intervient au lendemain d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko, en présence du commissaire européen à l'énergie, Günther Öttinger. Il est plus probable que l'Ukraine utilise une partie du gaz destiné à l'Europe pour sa propre consommation plutôt que la Russie ne ferme le robinet à l'Union européenne, a-t-on appris de source proche du ministère russe de l'Energie. "Il est peu probable que la Russie coupe l'alimentation en gaz. L'Ukraine le siphonnera elle-même, comme cela a déjà été le cas dans le passé", a-t-elle déclaré. RÉUNION TRILATÉRALE À MOSCOU VENDREDI La Russie a cessé d'alimenter l'Ukraine en gaz depuis le mois de juin en raison de désaccords sur les tarifs et les volumes de gaz russe importés contractuellement par Kiev. Moscou continue cependant de fournir l'Union européenne, qui représente environ 80 % des ventes de Gazprom, alors que la moitié des importations européennes de gaz russe ont transité par l'Ukraine en 2013. La Russie a fermé le robinet à l'Ukraine en 2006, 2009 et 2014 en raison d'un contentieux notamment sur les prix et les volumes importés contractuellement, et l'approvisionnement vers l'Union européenne a été perturbé en 2006 et 2009 lorsque l'Ukraine a pris du gaz destiné à l'Europe pour sa propre consommation. La Russie, premier fournisseur de pétrole, de charbon et de gaz naturel de l'Europe, répond à un tiers de sa demande, selon Eurostat, et en tire 250 milliards de dollars (190 milliards d'euros) chaque année, soit deux tiers des recettes du gouvernement russe. "Nous avons un plan B, dans le pire des scenarios, mais nous ne nous attendons pas à en avoir besoin", a pour sa part déclaré Günther Öttinger mercredi en Moldavie. "Notre principale préoccupation est, sans nul doute, le gaz (...) Vendredi nous serons à Moscou pour la prochaine consultation trilatérale entre la Fédération de Russie et Gazprom et l'Ukraine et (la compagnie ukrainienne) Naftogaz, sous la modération de l'Union européenne." (Richard Balmforth et Natalia Zinets, Jean-Philippe Lefief et Agathe Machecourt pour le service français)