La Russie aide les rebelles syriens de l'ASL, dit Poutine

par Dmitry Solovyov MOSCOU (Reuters) - La Russie fournit un soutien aérien, des armes et des munitions aux rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) lors d'opérations menées conjointement avec les forces gouvernementales contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Syrie, a affirmé vendredi le président Vladimir Poutine. C'est la première fois que Moscou déclare soutenir des opposants armés au président Bachar al Assad. Le mois dernier Vladimir Poutine avait toutefois indiqué que des frappes aériennes russes avaient visé des objectifs "terroristes" signalés par l'ASL. Les pays occidentaux et arabes engagés depuis plus d'un an au sein de la coalition internationale contre l'EI ont affirmé à plusieurs reprises que les raids aériens russes, qui ont débuté le 30 septembre dernier, visaient surtout les groupes rebelles "modérés" dans l'ouest de la Syrie et non les djihadistes du "califat". "L'action de notre aviation contribue à unifier les efforts des soldats gouvernementaux et ceux de l'ASL", a dit le président russe lors d'une conférence annuelle au ministère de la Défense. "Aujourd'hui, plusieurs de ces unités (de l'ASL), qui représentent plus de 5.000 hommes, sont engagées dans des opérations offensives contre les terroristes, aux côtés des forces régulières, dans les provinces de Homs, Hama, Alep et Rakka", a-t-il ajouté. "Nous leur fournissons un soutien aérien, tout comme à l'armée (gouvernementale) syrienne, nous les assistons avec des armes, des munitions et du matériel logistique." Poutine a souligné que l'intervention militaire en Syrie visait à protéger la sécurité nationale de la Russie, ajoutant avoir ordonné à l'armée d'agir "très durement" contre toute menace la visant. L'EI CONTRÔLERAIT 70% DE LA SYRIE Le chef du Kremlin a estimé que les frappes aériennes et les missiles de croisière tirés par la marine russe avaient infligé de sérieux dégâts aux infrastructures de l'EI. Prenant la parole après lui, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a pourtant affirmé que l'EI ne cessait d'étendre son influence en Syrie, dont il contrôlerait selon ses calculs 70% du territoire. Il a estimé à 60.000 le nombre de combattants djihadistes et prévenu que le conflit syrien risquait de déborder dans les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, menaçant ainsi directement la Russie. Evoquant l'EI mais peut-être aussi implicitement la Turquie, qui a abattu un Soukhoï-24 russe qui serait entré dans son espace aérien fin novembre, Vladimir Poutine a prévenu que l'armée avait carte blanche pour se défendre. "Toute cible menaçant notre armée ou notre territoire doit être immédiatement détruite", a-t-il martelé. Réagissant à la déclaration adoptée jeudi par les opposants syriens réunis en Arabie saoudite, qui ont notamment exigé le départ de Bachar al Assad et promis la création d'un Etat non confessionnel et inclusif, le porte-parole de Vladimir Poutine avait répété plus tôt dans la matinée la position officielle du Kremlin selon laquelle il appartient au peuple syrien de décider de l'avenir de son président. "C'est aux Syriens de discuter du sort d'Assad, pas à la Russie", a déclaré Dmitri Peskov à la presse. "Les efforts se concentrent désormais sur l'établissement d'une liste des organisations qui doivent être considérées comme terroristes et de celles qui appartiennent à l'opposition modérée et peuvent faire partie d'une solution politique. Il y a des désaccords entre certains pays (mais) les positions se rapprochent", a-t-il rappelé. (Avec Maria Kiselyova, Vladimir Soldatkin et Maria Tsvetkova; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)