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La Russie et l'Otan restent profondément divisées sur l'Ukraine

L'Otan et la Russie se sont réunies pendant près de trois heures lundi à Bruxelles lors de leur troisième Conseil de l'année, où, malgré des discussions visant à réduire les tensions militaires, les deux parties ont constaté la persistance de profonds désaccords sur le conflit en Ukraine. REUTERS/François Lenoir

BRUXELLES (Reuters) - L'Otan et la Russie se sont réunies pendant près de trois heures lundi à Bruxelles lors de leur troisième Conseil de l'année, où, malgré des discussions visant à réduire les tensions militaires, les deux parties ont constaté la persistance de profonds désaccords sur le conflit en Ukraine. Le seul fait que la réunion entre l'ambassadeur russe auprès de l'Alliance atlantique et les représentants des Etats membres ait eu lieu a été salué par les diplomates occidentaux. "Sans discussion, nous ne pouvons résoudre nos différends", a dit le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, à l'issue de la réunion. Outre la crise en Ukraine, en tête des préoccupations, la récente démonstration de force militaire de Moscou inquiète l'organisation. Moscou a annoncé l'installation de missiles à capacité nucléaire dans l'enclave européenne de Kaliningrad, tandis qu'en octobre, le seul porte-avions russe est passé au large des côtes européennes pour rejoindre la Syrie. Lundi, l'ambassadeur russe Alexandre Groushko a fourni une description précise des exercices menés par près de 120.000 militaires russes ces derniers mois, rapportent des diplomates. Les manœuvres des pilotes russes, jugées dangereuses par l'Otan, ont également été abordées, notamment les interceptions d'avions de l'Alliance par des chasseurs russes, le non-partage des plans de vols et le vols d'avions non équipés de transpondeurs les rendant détectables par radar. LE CESSEZ-LE-FEU NE "TIENT" PAS Mais de "profonds désaccords" persistent quant à l'Ukraine, sujet central des relations Est-Ouest, a déclaré Stoltenberg. Les membres de l'Alliance ne reconnaîtront pas l'annexion russe de la Crimée en 2014 et l'organisation reste très inquiète quant à la situation dans l'est de l'Ukraine, partiellement contrôlée par des rebelles financés par Moscou, selon l'Otan. En dépit des accords de Minsk qui ont précisé les modalités du cessez-le-feu, des diplomates évoquent une multiplication des incidents et une hausse des victimes civiles dans la région. En réaction, l'Alliance prévoit de déployer jusqu'à 4.000 soldats en Pologne et dans les Etats baltes début 2017 dans le cadre d'une stratégie décrite comme purement défensive, qui suscite néanmoins les critiques de la Russie. Les pays alliés notent que ces renforts sont modestes comparés aux 330.000 soldats que la Russie aurait, selon l'Otan, positionnés à proximité de son flanc ouest depuis mai. Présente à Bruxelles, la ministre ukrainienne de l'Intégration européenne, Ivanna Klympush-Tsintsadze, a dit à Reuters que six soldats ukrainiens avaient été tués lundi et 26 autres blessés par des tirs d'artillerie des rebelles soutenus par la Russie. L'Union européenne a prolongé lundi les sanctions prises contre la Russie en raison de l'absence de progrès dans la mise en oeuvre du cessez-le-feu qui devait suivre le feu vert de Kiev à la tenue d'élections locales. "La balle est dans le camp russe", a dit Ivanna Klympush-Tsintsadze à Reuters. "Sans garantie de sécurité, sans qu'un cessez-le-feu ne tienne (..) il sera impossible de faire avancer l'agenda politique de l'Ukraine." (Robin Emmott; Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Julie Carriat pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)