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Tusk reconduit président du Conseil contre l'avis des Polonais

par Jean-Baptiste Vey BRUXELLES (Reuters) - Donald Tusk a été reconduit jeudi à la présidence du Conseil européen malgré la vive opposition de son pays natal, la Pologne, en obtenant le soutien des 27 autres chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne. Le président François Hollande avait défendu la candidature de l'ancien Premier ministre polonais "à la fois pour des raisons de continuité, de cohérence, de stabilité". Seule la Première ministre polonaise, Beata Szydlo, s'est opposée à ce choix, a dit le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka. Elle avait critiqué à son arrivée à Bruxelles l'hypothèse qu'un président du Conseil européen soit désigné sans le consentement de son pays natal. Donald Tusk occupe le poste depuis le 1er décembre 2014. Ce mandat de deux ans et demi est renouvelable une fois. A Varsovie, Jaroslaw Kaczynski, le chef de file du parti Droit et Justice (PiS, au pouvoir), a estimé que la réélection de Donald Tusk démontrait que l'UE était sous domination allemande et ignorait les intérêts des Etats membres. "Si l'UE ne s'écarte pas de cette voie, elle n'aura plus lieu d'être", a-t-il dit. Jaroslaw Kaczynski juge Donald Tusk "moralement responsable" de la mort de son frère jumeau Lech dans un accident d'avion en Russie en 2010. Donald Tusk dirigeait alors le gouvernement. Les enquêtes ont conclu à une erreur de pilotage. PRÉPARATION DE ROME VENDREDI Le sommet de jeudi était le dernier auquel assistait la Première ministre britannique, Theresa May, avant qu'elle déclenche le processus de sortie de son pays de l'Union. Les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront vendredi sans elle pour préparer la déclaration qui sera faite le 25 mars à l'occasion du 60e anniversaire du traité de Rome. Les dirigeants allemand, français, italien et espagnol se sont prononcés lundi sur la nécessité pour relancer l'Union de développer l'Europe "à plusieurs vitesses", un sujet sensible pour les pays de l'Est qui craignent d'être ostracisés. Cette accélération interviendrait en particulier dans le secteur de la défense, consacré l’an dernier par les Européens comme une des priorités pour les années à venir. La construction différenciée de l’Europe, qui existe déjà à travers les zones euro et Schengen notamment, est une des pistes proposées par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un Livre blanc publié la semaine dernière. Ces évolutions restent cependant suspendues aux résultats de l'élection présidentielle en France le 7 mai et aux élections législatives allemandes du 24 septembre. Les dirigeants européens devraient souligner à l'issue du Conseil l'importance du commerce international pour soutenir la croissance et l'emploi. Ils devraient confirmer leur détermination à constituer une défense commune et à accélérer la mise en place de mesures de protection contre le terrorisme Alors que la Hongrie et la Slovaquie notamment continuent de refuser d'accueillir des migrants, le Conseil devrait réaffirmer l'objectif de solidarité entre Européens et celui de trouver un consensus sur la politique d'asile. (Jean-Baptiste Vey, avec la rédaction européenne de Reuters, édité par Yves Clarisse et Gilles Trequesser)