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La réforme fiscale de Trump franchit une première étape au Congrès

La Chambre des représentants a adopté jeudi un texte visant à réformer la fiscalité aux Etats-Unis, une promesse de campagne de Donald Trump. /Photo prise le 16 novembre 2017/REUTERS/Aaron P. Bernstein

WASHINGTON (Reuters) - La Chambre des représentants a adopté jeudi un texte visant à réformer la fiscalité aux Etats-Unis, une promesse de campagne de Donald Trump.

Le projet, qui doit ouvrir la voie à la plus importante réforme fiscale américaine depuis l'ère Reagan dans les années 1980, a été approuvé à une majorité de 227 élus contre 205, laquelle reflète globalement l'équilibre des forces entre républicains et démocrates à la chambre basse du Congrès.

Il ambitionne de réduire les impôts pesant sur les entreprises et sur les particuliers, mais son avenir n'est pas garanti, la majorité républicaine étant nettement plus mince au Sénat qu'elle ne l'est à la Chambre.

La chambre haute débat sur sa propre version de la réforme, qui a été approuvée jeudi soir en commission.

Le vote du Sénat en séance plénière est attendu après les congés de Thanksgiving, le 23 novembre.

Le texte approuvé jeudi par la Chambre des représentants creuserait le déficit fédéral d'environ 1.500 milliards de dollars (1.275 milliards d'euros) sur dix ans.

Il propose de réduire le nombre de tranches de l'impôt sur le revenu des ménages à quatre, contre sept actuellement, et de ramener le niveau de l'impôt sur les sociétés de 35% à 20%.

Selon l'opposition démocrate, ce projet provoquera des hausses d'impôts pour des millions d'Américains, notamment en raison de la suppression d'un certain nombre de dispositifs d'abattements.

Le Congrès n'a pas procédé à une telle refonte du code fiscal depuis 1986 sous la présidence de Ronald Reagan.

DISSENSIONS CHEZ LES RÉPUBLICAINS

Donald Trump s'est rendu jeudi au Capitole juste avant le vote de la Chambre des représentants afin d'exhorter les républicains à se prononcer en faveur du texte.

"Un code fiscal simple, équitable et compétitif sera un puissant moteur pour notre économie, et il est à portée de main. Le moment est venu de le fournir", a déclaré la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders, après le vote de la Chambre.

La dernière ligne droite pour l'aboutissement de cette vaste réforme fiscale est cependant jalonnée d'obstacles.

Les républicains ne disposent que d'une majorité étroite au Sénat, avec 52 voix contre 48 aux démocrates, et des dissensions subsistent dans leurs rangs.

Quatre sénateurs républicains - un nombre suffisant pour faire échouer la réforme - auraient évoqué en privé leur opposition au texte de loi parce qu'une telle réforme ferait gonfler le déficit fédéral, rapporte le magazine Time.

Les sénateurs Jeff Flake et James Lankford font partie de ces quatre républicains opposés au projet, précise la même source. John McCain ferait aussi partie des républicains réticents.

Les sénateurs républicains à l'origine du texte ont fait le choix risqué de lier leur projet à la suppression de la règle de l'Obamacare qui oblige les Américains à souscrire à une assurance maladie.

Or le parti républicain n'a jamais réussi à abroger la réforme du système de santé mise en place par Barack Obama.

"UN PROJET HONTEUX"

"C'est un projet de loi honteux, les républicains devraient être plus avisés", a déclaré Nancy Pelosi, la chef de file du Parti démocrate à la Chambre des représentants, avant le vote.

Treize représentants républicains à la Chambre ont voté contre le projet de loi, dont presque tous ceux de New York, du New Jersey ou de Californie, trois Etats où la forte pression fiscale pourrait encore s'accroître pour les classes moyennes.

"Ce combat n'est pas terminé. J'ai hâte de reprendre les négociations et d'améliorer cette proposition de réforme pour mes électeurs", a affirmé le républicain Lee Zeldin, représentant de New York, qui a voté contre le projet de loi.

A Wall Street, qui a clôturé jeudi en hausse après deux séances de baisse, le vote de la réforme par la Chambre a été bien accueilli. Il a permis au marché d'accentuer son avance dans l'après-midi.

Les baisses d'impôts promises par le président américain ont été l'un des principaux moteurs de la hausse de la Bourse de New York depuis son élection il y a un an.

"Cette réforme fiscale n'a pas encore une issue certaine mais elle a franchi la barre la plus basse avec ce vote de la Chambre des représentants. La barre la plus haute à franchir est le Sénat", a commenté Brian Battle, directeur du courtage chez Performance Trist Capital Partners, basé à Chicago.

(David Morgan et Amanda Becker, Nicolas Delame et Jean Terzian pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)