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La réforme des impôts aux États-Unis votée, première victoire pour Trump

La réforme de la fiscalité voulue par Donald Trump a été définitivement adoptée mercredi aux Etats-Unis après un dernier vote de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, offrant au président américain son premier succès législatif majeur depuis son arrivée à la Maison blanche. /Photo prise le 20 novembre 2017/REUTERS/Carlos Barria

par David Morgan et Amanda Becker

WASHINGTON (Reuters) - La réforme de la fiscalité voulue par Donald Trump a été définitivement adoptée mercredi aux Etats-Unis après un dernier vote de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, offrant au président américain son premier succès législatif majeur depuis son arrivée à la Maison blanche.

Cette réforme, qui prévoit 1.500 milliards de dollars (1.300 milliards d'euros) d'allégements fiscaux pour les particuliers et les entreprises, est la plus importante votée aux Etats-Unis depuis la refonte du code des impôts sous la présidence de Ronald Reagan en 1986.

Au terme d'un vote, le deuxième en deux jours pour une question de procédure, la chambre basse du Congrès des Etats-Unis a approuvé le texte par 224 voix contre 201. Le Sénat l'avait auparavant voté par 51 voix contre 48.

"Nous rendons sa grandeur à l'Amérique", a déclaré Donald Trump, lors d'une réception avec les parlementaires républicains à la Maison blanche.

"Au fond, qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie des emplois, des emplois et des emplois", a ajouté le président.

Le slogan "Make America great again", qu'il a popularisé lors de la campagne présidentielle de 2016, a été utilisé à l'origine par Ronald Reagan.

Selon Gary Cohn, conseiller économique de la Maison blanche, Donald Trump pourrait signer la loi en vue de sa promulgation dès vendredi, si certaines dispositions techniques entrent en vigueur.

Dans le cas contraire, le texte devrait être promulgué "dans le courant de la première semaine de la nouvelle année", a déclaré Gary Cohn, qui s'exprimait sur la chaîne de télévision Fox News.

Bien qu'ayant mis l'accent lors de la campagne électorale sur une baisse des impôts pour les classes moyennes, Donald Trump a expliqué lors d'une réunion de son gouvernement avant le vote à la Chambre que la mesure essentielle de son plan était la réduction de l'impôt sur les bénéfices des sociétés qui est ramené de 35% à 21%.

LES DÉMOCRATES EN COLÈRE

Pour les particuliers, la réforme fiscale conserve le nombre de tranches d'imposition sur le revenu mais ajuste les taux de plusieurs d'entre elles et notamment celui de la tranche la plus élevée. Il est ramené à 37% pour les revenus d'un couple marié supérieurs à 600.000 dollars (500.000 euros), alors qu'il était de 39,6% auparavant pour les revenus au-dessus de 470.000 dollars par an.

La fiscalité des successions et des donations est allégée. Les successions et dons supérieurs à 10 millions de dollars seront taxés contre un seuil de cinq millions actuellement.

Selon deux dispositions ajoutées pour obtenir le vote de certains républicains réticents, les forages pétroliers sont autorisés en Alaska au sein de la réserve Arctic National Wildlife Refuge et la pénalité qui avait été instaurée par l'Obamacare pour les Américains refusant de prendre une assurance-maladie a été supprimée.

Ce qui fait dire à Donald Trump que l'Obamacare, la loi emblématique de la présidence Obama sur l'assurance-maladie, avait été "pour l'essentiel abrogée". Le président a essayé sans succès à plusieurs reprises de faire abroger cette loi directement par le Congrès depuis son arrivée au pouvoir fin janvier.

Les démocrates, qui ont voté contre la réforme fiscale, estiment qu'elle constitue un cadeau fait aux riches et qu'elle alourdira de 1.500 milliards de dollars sur les dix prochaines années la dette des Etats-Unis qui atteint déjà 20.000 milliards de dollars.

"Aujourd'hui les républicains paradent car ils ont réussi à piller la classe moyenne américaine au profit des puissants et des favorisés", a commenté Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants.

Très en colère, les démocrates souhaitent profiter de l'impopularité de cette réforme dans l'opinion pour en faire un thème de campagne pour les élections de mi-mandat l'an prochain à la Chambre des représentants et au Sénat.

"Les républicains vont maudire le jour où ils ont voté cette loi", a déclaré le sénateur démocrate Charles Schumer en expliquant que les démocrates allaient continuer à fortement insister sur les dispositions qu'ils jugent négatives.

A la Chambre de représentants, 12 républicains ont voté contre la réforme.

Selon les calculs du Tax Policy Center, un organisme non partisan, les ménages de la classe moyenne devraient voir leurs impôts baisser de 900 dollars (760 euros) en moyenne l'an prochain, tandis que les 1% les plus riches bénéficieront d'un allègement moyen de 51.000 dollars.

(Aved Richard Cowan, Roberta Rampton, Gina Chon, Mohammad Zargham et Susan Heavey; Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)