La question de la semaine : Stephen Curry est-il actuellement le meilleur joueur de NBA ?

NBA – Auteur d’un magnifique début de saison, Stephen Curry est plus que jamais essentiel dans la réussite des Golden State Warriors. Principal artisan de l’ère glorieuse que traverse la franchise californienne depuis 2015, le meneur n’a cessé de progresser durant cette période. Au point de devenir le nouveau boss de la Ligue ?

Stephen Curry nouveau roi de la NBA?
Stephen Curry nouveau roi de la NBA?

Ces cinq dernières saisons, le débat n’existait plus vraiment. Présent chaque année en finales NBA depuis 2011 (huit fois de suite, quatre avec le Miami Heat, puis quatre avec les Cleveland Cavaliers), LeBron James était unanimement considéré comme le patron de la Ligue, la plus dominante et la plus brillante des superstars, en somme le meilleur basketteur de la planète. Alors que le “King” approche de ses 34 ans (qu’il fêtera le 30 décembre), son emprise sur le jeu n’a pas vraiment décliné, mais certains de ses rivaux, plus jeunes que lui, ont tant et tant progressé (notamment pour parvenir à le vaincre) qu’on peut légitimement se demander si LeBron James est toujours, à l’heure actuelle, le meilleur joueur de NBA.

Curry et Durant, les deux candidats les plus sérieux

Parmi les prétendants au trône, on peut évidemment penser à James Harden et Anthony Davis, qui encadraient LeBron sur le podium du MVP 2018. Mais ni l’arrière barbu des Rockets, ni l’intérieur au monosourcil des Pelicans n’ont pour l’instant prolongé leur incroyable apport individuel d’un impact plus global sur leur franchise, qui puisse la mener au sommet. Pour faire simple, Harden et Davis ont atteint chacun un niveau de jeu et un rendement dignes de celui du “King”, mais ils n’ont pas encore fait preuve d’un leadership équivalent. S’ils ont encore le temps de le franchir, l’arrière de Houston (29 ans) et l’intérieur de La Nouvelle-Orléans (25 ans) restent pour l’instant bloqués au seuil de la dernière marche, celle qui permet de faire gagner des titres à son équipe.

Ainsi, si l’on veut trouver le successeur de LeBron James au sommet du basket mondial, il faut sans doute davantage se tourner vers l’équipe qui l’a fait lourdement chuter lors des deux dernières finales NBA, les Golden State Warriors. La franchise californienne présente cependant, depuis l’été 2016, une singularité, considérée comme inéquitable par certains : elle s’appuie sur deux immenses superstars, Kevin Durant (MVP des finales en 2017 et 2018) et Stephen Curry(MVP de saison régulière en 2015 et 2016). Cet état de fait, qui constitue évidemment une bonne explication à l’impression de facilité dégagée par les Warriors lors de la conquête des deux derniers titres, a cependant pour conséquence d’occulter un élément important dans notre débat : Curry et Durant sont peut-être, individuellement, les deux joueurs les plus susceptibles de contester son statut au “King”.

Curry, leader mental

Parce qu’ils évoluent ensemble, et parce qu’ils ont eu l’intelligence de faire passer l’équipe avant leur cas personnel, le meneur et l’ailier des Warriors étaient légèrement en retrait ces deux dernières années sur le plan statistique par rapport aux meilleurs joueurs de la Ligue. C’est un peu moins vrai cette saison, où les circonstances (effectif remanié, blessures) ont obligé les deux hommes à prendre davantage les choses en main. Résultat : au premier tiers de l’exercice 2018/19, Durant et Curry partagent la deuxième place du classement des meilleurs scoreurs de la Ligue (tous deux tournent à 29,8 points de moyenne), derrière Harden et devant James. Combinées à leur capacité à (presque) tout faire sur un terrain, ces chiffres montrent de manière évidente que les deux coéquipiers sont tout à fait en mesure de produire un rendement de candidat au titre de MVP.

Reste la question du leadership, et sur ce plan, Stephen Curry semble clairement avoir une longueur d’avance sur Kevin Durant, et pas seulement parce qu’il est plus âgé d’un an. Plus rassembleur que son partenaire, qui s’est fait remarquer par plusieurs déclarations maladroites ces dernières années et a récemment été impliqué dans une querelle intestine avec Draymond Green, Curry est aussi beaucoup plus légitime que lui dans le rôle de patron des Warriors pour une raison simple : il est là depuis le début (drafté en 2009 par Golden State) et c’est dans son sillage que l’équipe a grandi jusqu’à devenir la machine de guerre qu’elle est actuellement. Sur le terrain d’ailleurs, les attitudes ne trompent pas : Stephen Curry est le genre de joueurs qui soutient tellement ses coéquipiers qu’il ne voit aucun problème à les aider à battre ses propres records (comme il l’a récemment prouvé avec Klay Thompson).

L’âme et le moteur de la dynastie Warriors

Devenir progressivement un chef de bande et un meneur d’hommes n’a cependant pas empêché le meneur de continuer à progresser individuellement. Déjà considéré comme l’un des tous meilleurs shooteurs à 3 points de l’histoire du basket, Curry a ainsi trouvé le moyen d’aiguiser encore un peu plus son arme fatale cette saison, affichant un insolent taux de réussite de 48,9 % derrière l’arc, le meilleur de sa carrière (alors qu’il tente une dizaine de tirs à 3 points par match en moyenne). Dans tous les autres secteurs du jeu, notamment en défense et au rebond, le double MVP a aussi énormément progressé, comme on a pu le constater lors des derniers playoffs. A 30 ans, “Chef Curry” a tout simplement atteint sa pleine maturité et une certaine plénitude.

A tel point qu’il devient aujourd’hui très compliqué pour son équipe, pourtant réputée pour la multiplicité de ses armes offensives et défensives, de se passer de son apport. Ce fut criant au cours de la série de onze matchs que Stephen Curry a manqués en novembre, en raison d’une blessure aux ischio-jambiers. Plus encore que le bilan négatif (5-6), on retiendra cette étrange impression parfois laissée d’une équipe perdue, incapable de développer son jeu habituel. Et dans les rares soirs où “Steph” n’est pas en réussite, comme ce mercredi à domicile contre Toronto (10 points à 3/12 au tir, dont 2/8 à 3 points), le résultat est le même : d’un coup, les Warriors deviennent une équipe ordinaire. Au-delà des statistiques, l’insolente facilité de Stephen Curry emporte et transcende ses coéquipiers, elle est le moteur de Golden State, ce qui l’a poussé au firmament et constitue à coup sûr la meilleure raison de penser que cela est amené à durer. Et une autre de considérer que le “Chef” est désormais l’égal du “King”, voire mieux…