La prudence l'emporte, l'automobile pèse, la BCE dans le viseur

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent prudemment jeudi à mi-séance et Wall Street est attendue sans grand changement à l'ouverture, la crainte de nouvelles tensions commerciales touchant le secteur automobile atténuant les effets positifs du compte rendu jugé rassurant des débats de la Réserve fédérale, en attendant les "minutes" de la Banque centrale européenne.

À Paris, le CAC 40 prend 0,38% à 5.587,25 points vers 10h30 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,05% et à Londres, le FTSE cède 0,05%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 gagne 0,25%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 0,33% et le Stoxx 600 0,29%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture indécise à Wall Street.

Le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed a conforté mercredi le scénario d'une hausse de taux le mois prochain tout en apaisant en partie les craintes d'une accélération du resserrement monétaire aux Etats-Unis.

Le rendement des Treasuries à deux ans, le plus sensible aux anticipations d'évolution des taux, est revenu à 2,52% contre plus de 2,59% avant la publication des "minutes".

Sur le marché des changes, le dollar cède 0,22% face à un panier de devises de référence en réaction au ton modéré de la banque centrale, tandis que l'euro remonte à 1,172 dollar, porté entre autres par les déclarations du Premier ministre chinois sur l'importance de la monnaie unique dans les réserves de change de Pékin.

L'euro, qui accuse toutefois encore un recul de près de 0,5% depuis le début de la semaine, pourrait réagir à la publication, attendue pour 11h30 GMT, du compte rendu des débats au sein de la BCE lors de sa réunion de politique monétaire du 26 avril.

LES CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES SOUFFRENT

Côté actions, le secteur automobile souffre de l'annonce par Donald Trump de l'ouverture d'une enquête sur les importations de voitures, de camions et de pièces détachées aux Etats-Unis, une procédure qui s'appuie sur la même loi que celle qui a justifié en mars les droits de douanes sur l'acier et l'aluminium.

En Europe, l'indice Stoxx de l'automobile perd 2,02%, de loin la plus forte baisse sectorielle du jour, et parmi les constructeurs les plus exposés au marché américain, Volkswagen recule de 2,76%, Daimler de 3% et BMW de 2,91%.

A Paris, PSA cède 2,07%, la plus forte baisse du CAC, et Renault perd 1,53%.

La baisse la plus spectaculaire du jour frappe le groupe suisse de boulangerie industrielle Aryzta, qui chute de 22,2% après la révision à la baisse de ses prévisions de résultats.

Deutsche Bank perd 2,18% après l'annonce officielle d'un projet de suppression d'au moins 7.000 emplois au sein du groupe.

A la hausse à Paris, Euronext rebondit de 4,46%, la plus forte progression du SBF 120 à la faveur d'un relèvement du conseil des analystes d'Exane BNP Paribas, qui estiment désormais attractive la valorisation relative de l'opérateur boursier.

DÉTENTE SUR LES MARCHÉS ITALIENS

La Bourse de Milan gagne 0,35% après le feu vert du président Sergio Mattarella à la nomination de Giuseppe Conte à la tête du gouvernement de coalition Ligue-Mouvement 5 étoiles (M5S).

Le nouveau président du Conseil, novice en politique, a désormais la lourde tâche de former un gouvernement pour mettre en oeuvre un programme impliquant une augmentation des dépenses budgétaires et un degré d'euroscepticisme encore difficile à évaluer.

"Alors que les politiques du nouveau gouvernement italien sont susceptibles de créer des frictions avec l'Union européenne et d'accroître l'incertitude quant à la sortie de l'euro de l'Italie, nous pensons à ce stade que cela ne conduira pas à une crise majeure", indique Charles Saint-Arnaud, stratège chez Lombard Odier IM.

Le rendement des emprunts d'Etat italiens à dix ans se détend nettement jeudi pour revenir vers 2,35%, après un pic de quinze mois à 2,455% mercredi.

Le dix ans allemand est lui en légère hausse à 0,513% après la confirmation des chiffres de la croissance allemande au premier trimestre, à 0,3% par rapport aux trois derniers mois de 2017 et 1,6% sur un an.

Le marché pétrolier évolue pour sa part dans le rouge, pénalisé à la fois par la hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis et par les craintes d'une augmentation de la production de l'Opep en réaction aux sanctions américaines contre l'Iran et le Venezuela. Le Brent reste toutefois à portée des 80 dollars.

(Avec Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)