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La présidente de Centrafrique regagne prématurément son pays

Le présidente de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a quitté prématurément l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour regagner son pays en raison des violences qui secouent Bangui, /Photo prise le 26 septembre 2015/REUTERS/Darren Ornitz

BANGUI/NATIONS UNIES (Reuters) - Le présidente de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a quitté prématurément l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour regagner son pays en raison des violences qui secouent Bangui, ont déclaré deux diplomates occidentaux. Une trentaine de personnes sont mortes depuis samedi dans la capitale de la RCA lors d'affrontements intercommunautaires, les pires violences cette année dans la ville. Catherine Samba-Panza "a quitté New York (lundi) pour rentrer en Centrafrique en raison de la situation sécuritaire", a indiqué un diplomate. Lundi, les casques bleus de la Minusca ont tiré en l'air pour disperser des milliers de manifestants réclamant le réarmement des Forces armées centrafricaines, ce que refuse l'Onu. Au moins une personne a été tuée. Selon une source haut placée dans la gendarmerie, plusieurs centaines de détenus se sont en outre évadés de la prison de Ngaraba, la principale prison de Bangui. Le gouvernement intérimaire a déclaré que les responsables de ces troubles cherchaient à empêcher les élections prévues le mois prochain dans le cadre du processus de transition. Un couvre-feu nocturne a été instauré à Bangui, où patrouillent les casques bleus de la Minusca appuyés par les militaires français de l'opération Sangaris. Des coups de feu ont malgré tout éclaté lundi soir dans la ville, où peu d'habitants s'étaient aventurés dans la journée. L'absence de Bangui de Catherine Samba-Panza et de hauts responsables de la Minusca explique en partie cette éruption de violence, a estimé un haut diplomate occidental, regrettant que la Minusca n'ait pas réagi assez vite. L'armée a été mise sur la touche en 2013 après la prise du pouvoir des rebelles du Nord, majoritairement musulmans, regroupés au sein de l'alliance Séléka. Le gouvernement de transition mis en place avec le soutien de l'Onu en 2014 refuse de réarmer les Faca dont certains officiers ont été liés aux milices "anti-balaka" qui ont exercé par la suite des représailles contre les musulmans. Certains de ces miliciens contrôlaient lundi soir des points de contrôle dans la capitale. Au cours de la nuit, deux gendarmes ont été blessés dans l'attaque d'un poste de police par des anti-balaka, a déclaré la police. Un journaliste de Reuters a vu le cadavre d'un jeune homme dans une rue de la ville lundi. Des témoins ont dit qu'il avait été tué par des miliciens anti-balaka. La Croix-Rouge a déclaré qu'elle ne pouvait établir de bilan précis des victimes car ses employés sont interdits d'accès dans certains quartiers par des manifestants ou des bandes armées. L'Unicef a déclaré que des mineurs étaient visés dans les violences. Elle a fait état de la mort de trois adolescents âgés de 16 et 17 ans, dont l'un a été décapité. Le processus de transition engagé en janvier 2014 devait aboutir à la tenue d'élections présidentielle et législatives le 18 octobre prochain, mais tout le monde s'attend désormais à ce qu'elles soient reportées. (Crispin Dembassa-Kette à Banqui et John Irish aux Nations unies, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)