La Pologne s'inquiète du contenu de la Déclaration de Rome

La Première ministre polonaise a indiqué jeudi qu'elle pourrait refuser de s'associer à la déclaration qui sera adoptée à l'occasion du 60e anniversaire de l'Union européenne, samedi à Rome, si le texte ignore les inquiétudes de Varsovie. /Photo prise le 10 mars 2017/REUTERS/Yves Herman

VARSOVIE (Reuters) - La Première ministre polonaise, Beata Szydlo, a indiqué jeudi qu'elle pourrait ne pas s'associer à la déclaration qui sera adoptée à l'occasion du 60e anniversaire de l'Union européenne, samedi à Rome, si le texte ignore les inquiétudes de Varsovie. La Grèce a, elle aussi, maintenu ses objections au texte, mais pour des raisons différentes. Dans les milieux diplomatiques à Bruxelles, on minimise la portée de la menace de Beata Szydlo, qu'elle a formulée sur les ondes de la chaîne de télévision privée TVN. On note que la Pologne a approuvé le projet de déclaration cette semaine, après quelques changements mineurs, et que les remarques de Beata Szydlo semblent donc destinées en priorité à l'opinion publique polonaise afin de lui permettre de revendiquer un succès pour son pays lors du sommet. Elle a cité quatre priorités que la Pologne souhaite voir inclues dans la Déclaration de Rome : "Unité de l'Union européenne, défense d'une étroite coopération avec l'Otan, renforcement du rôle des gouvernements nationaux et règles du marché commun, lequel doit unir et non pas diviser". La Pologne, comme d'autres pays d'Europe centrale, s'inquiète notamment de la possibilité de voir émerger "une Europe à deux vitesses", une idée qui a les faveurs de la France, de l'Allemagne et de l'exécutif européen. La phrase y faisant référence dans la Déclaration de Rome a été atténuée afin d'apaiser les craintes de Varsovie, dit-on de source diplomatique, et un veto polonais est donc improbable. Outre la Pologne, la Grèce a émis des réserves sur le projet de texte qui sera adopté lors de l'anniversaire du traité fondateur de la construction européenne, dit-on de source diplomatique à Bruxelles et gouvernementale à Athènes. La Grèce, ajoute-t-on, veut établir un lien entre son approbation de la Déclaration de Rome et les discussions en cours avec ses bailleurs de fonds sur un train de réformes à mettre en oeuvre en échange d'une nouvelle tranche d'aide. Athènes, précise-t-on, souhaite que le texte soit plus précis en matière de droit du travail et de protection des salariés. Ce point devrait être discuté vendredi entre le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et des homologues de l'UE, dit-on de mêmes sources, afin de trouver une solution. Certains à Bruxelles s'irritent de la position d'Athènes. Un diplomate européen souligne que l'UE ne peut se trouver "soumise au chantage d'un de ses membres qui cherche à établir un lien entre deux choses qui n'ont rien à voir entre elles". La célébration des 60 ans du Traité de Rome interviendra quatre jours avant le lancement par la Grande-Bretagne de son processus de sortie de l'UE. L'objectif des 27 membres restants est de réaffirmer leurs valeurs communes malgré ce Brexit. "L'unité est la première condition pour parvenir à un accord dans ces négociations", a prévenu mercredi Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit, qui s'exprimait devant le Comité européen des régions. Finalisé lundi par les sherpas des Vingt-Sept, le texte de la Déclaration de Rome, qui doit être signée samedi au Capitole, proclame que "L'Europe est notre avenir commun". (Agnieszka Barteczko, avec Gabriela Baczynska à Bruxelles et Alastair Macdonald à Rome; Gilles Trequesser pour le service français)