La police égyptienne arrête deux journalistes

Le CAIRE (Reuters) - La police égyptienne a fait une descente dans les locaux du syndicat des journalistes dimanche et arrêté deux journalistes qui s'étaient montrés critiques à l'égard du gouvernement, ont dit un responsable du syndicat ainsi que des journalistes. Le ministère de l'Intérieur a démenti que des forces de l'ordre ont pris d'assaut le bâtiment, situé dans le centre du Caire, mais a confirmé que certains journalistes du syndicat avaient été arrêtés. Les forces de sécurité n'ont eu de cesse de réprimer tout mouvement de contestation depuis que des milliers de personnes, indignées par la décision du président Abdel Fattah Sissi de restituer à l'Arabie saoudite deux îles de la mer Rouge, sont descendues dans les rues le 15 avril et ont réclamé la chute du gouvernement. Il s'agissait de la manifestation d'opposition la plus importante depuis qu'Abdel Fattah Sissi est arrivé à la présidence en 2014. Les forces de sécurité ont également dispersé le 25 avril d'autres manifestations, moins importantes que celle du 15. Dimanche, alors que des journalistes organisaient un "sit-in" dans les locaux du syndicats, des officiers de police en ont arrêté deux, travaillant pour le site d'opposition Bawabet Yanayer, rapporte le journal progouvernemental Al Ahram. "L'incident est véridique et, pour le moins, le ministre de l'Intérieur doit être limogé et des excuses doivent être présentées", a dit à Reuters Khalid al-Balshy, un membre du syndicat des journalistes. Al Ahram, citant un autre responsable du syndicat, a rapporté que 50 officiers de police étaient entrés dans le bâtiment, ce que conteste le ministère de l'Intérieur. "Le syndicat n'a pas été pris d'assaut. Un nombre limité d'officiers, pas plus de quatre ou cinq, sont entrés et les ont arrêté (les journalistes)", a dit sur la chaîne CBC le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Mahmoud Kamel, également membre du conseil du syndicat des journalistes, a précisé qu'un mandat d'arrêt à l'encontre des deux journalistes avait émis il y a une semaine et que le syndicat était en négociations avec le ministère de l'Intérieur à ce sujet. "Ce qui s'est passé est sans précédent. Aucun président, aucun Premier ministre, aucun ministre de l'Intérieur n'a jamais osé faire une telle chose", a poursuivi Mahmoud Kamel. Des dizaines de journalistes ont organisé un nouveau sit-in dans le syndicat pour protester contre les arrestations, a dit un journaliste. (Bureau du Caire, Benoit Van Overstraeten pour le service français)