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La passion des voyages de Robert Mugabe

L'an dernier, les vingt déplacements à l'étranger du président du Zimbabwe Robert Mugabe, des visites qui impliquent généralement une importante délégation, ont coûté l'équivalent de 36 millions de dollars en dix mois. /Photo prise le 4 mai 2017/REUTERS/Rogan Ward

HARARE (Reuters) - A 93 ans, Robert Mugabe, l'inamovible président du Zimbabwe, conserve sa passion pour les voyages. Le problème, c'est que cela coûte fort cher au contribuable. L'an dernier, ses vingt déplacements à l'étranger, des visites qui impliquent généralement une importante délégation, ont coûté l'équivalent de 36 millions de dollars en dix mois. C'est plus que le budget annuel du Parlement, $30 millions pour ses quelque 300 membres. Pour ce qui va de l'année, le président zimbabwéen a effectué déjà huit déplacements à l'étranger, dont deux à Singapour pour y subir des examens médicaux. Le dernier voyage en date illustre le gouffre existant au Zimbabwe entre le sort de l'homme de la rue et les avantages octroyés à ceux qui sont à la tête de l'Etat. Le président Mugabe a quitté Harare le 18 mai à bord d'un avion d'Air Zimbabwe pour se rendre à Cancun, au Mexique. L'accompagne une délégation d'au moins 35 personnes, ministres, gardes du corps, journalistes de la presse officielle. Son retour était prévu vendredi, après avoir assisté dans la station balnéaire du Yucatan à une conférence internationale d'une durée de trois jours organisée par les Nations unies sur le thème de la réduction des risques de catastrophe. Outre Robert Mugabe, la liste des chefs d'Etat présents à cette conférence comprend ceux d'Albanie, de la Dominique, des Kiribati et du Swaziland. Durant ce déplacement, les journalistes du Herald, le quotidien officiel, ont perçu une indemnité journalière de $1.000 et d'autres responsables jusqu'à $1.500, en fonction de leur rang, a expliqué un fonctionnaire l'ayant préparé. Par contraste, le salaire moyen d'un fonctionnaire est de l'équivalent de $500 par mois. Pour Tendai Biti, un ancien ministre des Finances désormais dans l'opposition, la "bureaucratie d'Etat est un parasite". "Et puis quand vous regardez ce voyage, on voit bien que le président effectue des déplacements non stratégiques dans des pays non stratégiques". George Charamba, le porte-parole de la présidence de la République, avait été invité le 5 mars dans les colonnes du Herald a faire un commentaire sur la propension de Robert Mugabe à se rendre à l'étranger. "La diplomatie, ça coûte de l'argent", avait-il répondu. (MacDonald Dzirutwe, Gilles Trequesser pour le service français)