La nomination de Hulot à l'Ecologie plombe le titre EDF

PARIS (Reuters) - La nomination de Nicolas Hulot au poste de ministre de la Transition écologique et solidaire a entraîné une chute du titre EDF en Bourse de Paris mercredi, les investisseurs craignant l'impact de sa politique pour l'exploitant du parc nucléaire français.

L'action EDF perdait 6,13% à 8,888 euros à 17h19, accusant la plus forte baisse du SBF 120 (-1,64%) alors qu'elle perdait 2,5% seulement avant l'annonce de l'entrée au gouvernement de l'ancien animateur de télévision.

"Il y a la crainte d'une ligne écologique plus stricte étant donné l'attachement historique et le combat mené par Hulot sur l'écologie", a déclaré Andréa Tueni, analyste marchés chez Saxo Banque.

Alors que les attributions de Nicolas Hulot n'avaient pas été précisées dans un premier temps, Matignon et l'Elysée ont fait savoir par la suite qu'il serait chargé de l'énergie, tout comme Ségolène Royal avant lui, ce qui a encore accentué la baisse du titre EDF.

S'exprimant début mars dans Le Parisien, le nouveau ministre estimait que la sortie de la France du nucléaire était "un objectif de moyen terme" et que "le modèle économique du nucléaire appart[enait] au passé".

Il ajoutait que la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), promise pour fin 2018, était "importante mais (...) pourrait avoir un coût social", soulignant la nécessité d'instaurer "un contrat de transition, c'est-à-dire un contrat social".

"Il va y avoir des emplois qui vont se transformer et on ne peut imposer cette mutation par la force des choses. Cette transition doit se faire de façon acceptée et acceptable."

Dans Libération, Nicolas Hulot évoquait en outre mi-avril la nécessité de "repositionner EDF (...) dans une trajectoire compatible avec celle de la transition énergétique".

"Problèmes industriels, pertes de compétences, risques sur la sûreté nucléaire, fragilité financière, cette entreprise chère aux Français apparaît de plus en plus comme un colosse aux pieds d'argile à l'avenir incertain", soulignait-il.

"Alors que partout ailleurs la transition énergétique s'accélère, EDF se rapproche d'Areva, surinvestit dans des projets nucléaires coûteux comme Hinkley Point (Royaume-Uni) et n'investit pas suffisamment dans les énergies renouvelables."

"Le nucléaire fait partie du monde d'hier", estimait également Nicolas Hulot sur Europe 1 en avril 2016.

Alors que l'Etat détient 83,10% du capital d'EDF et qu'il vient de participer à 75% à une augmentation de capital du groupe de 4 milliards d'euros, les sujets de tensions entre la direction du groupe et le gouvernement, qu'il s'agisse de la régulation des tarifs ou de la fermeture de Fessenheim, se sont multipliés ces dernières années.

EDF avait progressé ces derniers jours en Bourse sur des espoirs liés à la nomination du Premier ministre Edouard Philippe, vue comme favorable à la filière nucléaire, et en réaction à des informations sur un possible report de l'objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production électrique française de 75% à 50% à l'horizon 2025. et

"Etant donné la progression qu'on a sur le titre depuis le début de la semaine, il y a un ajustement assez logique qui s'opère", selon Andréa Tueni.

Le titre EDF affiche désormais un recul proche de 0,8% depuis le début de l'année, qui s'ajoute à une baisse d'environ 29% en 2016.

(Benjamin Mallet et Blandine Hénault, édité par Jean-Michel Bélot)