La maire de Paris déclare la guerre au diesel

PARIS (Reuters) - La maire socialiste de Paris veut interdire totalement les véhicules diesel dans la capitale française d'ici 2020, dans le cadre d'un vaste plan antipollution dont elle présente les grandes lignes dans le Journal du Dimanche (JDD). Le groupe UMP au Conseil de Paris, principal opposant à la majorité municipale, a salué ses propositions et mis Anne Hidalgo au défi de les mettre en oeuvre. "Je veux la fin du diesel à Paris en 2020, et si possible au-delà du périphérique", déclare Anne Hidalgo, qui n'envisage d'exception que pour "certains ménages peu fortunés possédant un vieux véhicule diesel qu'ils n'utilisent qu'occasionnellement". Elle veut identifier systématiquement sur leur carte grise les véhicules en fonction de leur caractère polluant. "Grâce à des pastilles ou des puces, on pourra bientôt identifier le degré de pollution de chaque véhicule", dit-elle. Elle avertit qu'il y aura des contrôles routiers et que l'usage de caméras pourrait aussi être envisagé. Anne Hidalgo veut mettre en place des axes de circulation réservés aux véhicules propres. La rue de Rivoli et les Champs-Elysées, par exemple, ne seraient autorisés qu'aux véhicules à "ultrabasse émission" de particules polluantes. Elle cite aussi le boulevard périphérique, un "canyon de pollution". DES UTILITAIRES ÉLECTRIQUES Elle annonce l'extension des zones où la vitesse est limitée à 30 km/h, qui deviendront progressivement la règle et promet le doublement des pistes cyclables d'ici 2020, grâce à un plan de 100 millions d'euros, et dit vouloir développer le vélo à assistance électrique. Seules les voitures des résidents auront le droit d'entrer dans les quatre arrondissements centraux de Paris (Ier, IIe, IIIe, IVe), en dehors des vélos, taxis, autobus, véhicules d'urgence et de livraison. "Je propose qu'on commence par le week-end (...) Ensuite, rapidement, on l'étendra au reste de la semaine", explique l'élue socialiste. La maire de Paris entend restreindre la circulation et le stationnement des autocars de tourisme et veut interdire les camions qui "n'ont rien à faire dans Paris", en particulier les 30% qui ne font que traverser la capitale sans s'y arrêter. Elle propose en revanche de développer le transport du fret par la Seine et le rail - RER ou tramway - et prône l'usage, pour le "dernier kilomètre", de petits véhicules, si possible électriques. La ville de Paris lancera ainsi un dispositif d'utilitaires en libre-service, Utilib', avec un tarif incitatif pour les commerçants et les artisans. Anne Hidalgo discute avec des maires de grandes villes françaises et européennes comme Bordeaux, Barcelone, Rome et Stockholm pour grouper les commandes publiques et "faire émerger une offre compétitive de véhicules industriels électriques". "Je compte accompagner, y compris financièrement, les artisans-commerçants dans leur sortie du diesel", ajoute la maire de Paris, qui annonce enfin un plan d'installation de bornes de recharge pour les voitures électriques. L'UMP MET EN DOUTE LA SINCÉRITÉ D'HIDALGO Toutes ces mesures seront discutées au Conseil de Paris le 9 février, précise Anne Hidalgo. "Nous ne saurions critiquer ces propositions qui figuraient dans le plan air que nous avons présenté (...) le 7 janvier 2014", a commenté le groupe UMP du Conseil dans un communiqué. "Nous nous félicitons qu'Anne Hidalgo se rallie aujourd'hui à nos propositions et en accompagnerons donc la mise en oeuvre." Les élus UMP de Paris annoncent qu'ils présenteront dès la prochaine réunion du Conseil de Paris un voeu visant à interdire l'accès des autocars de tourisme les plus polluants. "Nous ne doutons pas que Mme Hidalgo votera ce voeu, à moins que ses annonces d'aujourd'hui ne se résument à une opération de communication", ajoutent-ils. Ils mettent notamment en doute sa sincérité concernant le bannissement du diesel dans le parc automobile municipal : "Mme Hidalgo peine à convaincre après avoir repris (...) 6,5 millions d'euros de l'enveloppe consacrée à la mutation du parc de la ville (9 millions d'euros) pour boucler son budget." Selon un sondage effectué pour le JDD par l'Ifop auprès de 804 franciliens les 4 et 5 décembre, 84% des habitants d'Ile-de-France jugent prioritaire la lutte contre la pollution de l'air et 54% sont favorables à l'interdiction totale des véhicules diesel dans l'agglomération parisienne d'ici 2020. (Emmanuel Jarry, édité par Jean-Stéphane Brosse)