La lente reconstruction d'Alep illustre les limites de l'Etat syrien

par Angus McDowall ALEP, Syrie (Reuters) - Des corps gisent encore sous les décombres des quartiers est d'Alep. Les habitants manquent toujours d'électricité et de nourriture, sept mois après la reprise de la ville la plus peuplée de Syrie avant le début de la guerre civile en 2011. La prise d'Alep en décembre est considérée comme la plus grande victoire militaire du gouvernement de Damas contre les insurgés en près de six ans de guerre civile. Depuis, plus de 200.000 personnes sont retournées à Alep après avoir fui la guerre, souvent dans des camps temporaires contrôlés par les forces gouvernementales. Pourtant, la Syrie est en ruines. Les services des eaux et de l'énergie sont à l'abandon, tout comme les infrastructures. Le quartier d'al Kalassa, dans le nord d'Alep, n'y échappe pas. Là-bas, la reconstruction prend du temps, hors de tout contrôle de l'Etat syrien. La centrale électrique d'Alep a été détruite mais des pylônes sont en train d'être installés pour fournir l'électricité en ville. En attendant, les habitants utilisent des groupes électrogènes. L'électricité est nécessaire pour alimenter les puits privés dans l'est d'Alep. L'aide humanitaire distribuent des réservoirs rouges, contenant de l'eau potable. D'après Abdoulghani al Qassab, l'adjoint du gouverneur d'Alep, la situation devrait s'améliorer en août. LE CIMETIÈRE D'AL KALASSA EST PLEIN De nombreuses écoles ont été détruites durant le conflit. Des enfants d'Alep suivent des cours à la mosquée. L'imam Abdoulrahman Dawkha raconte qu'il fait classe pour 250 élèves. Les écoles Abdoulatif, dans le quartier de Firdous, et Karameh, à Boustan al Qasr, soutenues par les Nations Unies, dispensent des cours dans des classes où les effectifs ont presque doublé. "Les gens reviennent à Alep, donc nous prenons de plus en plus d'élèves chaque jour", dit Maha Moushaleh, un enseignant de l'école Abdoulatif. Moins d'un quart des deux cents écoles situées dans les quartiers est ont rouvert, affirme l'adjoint du gouverneur d'Alep. D'après lui, le gouvernement travaille à la réhabilitation de cent nouvelles écoles. Des maisons ont été entièrement détruites par les bombardements dans la plupart des rues du quartier d'al Kalassa. D'autres sont devenues inhabitables. Le cimetière du quartier, situé entre le parc et l'école, est tellement plein qu'il n'y a que peu d'espace pour circuler entre les tombes. Certaines ont été partiellement détruites par des éclats d'obus ou restent marquées par des impacts de balles. Des victimes de la guerre ont parfois été enterrées dans des tombes déjà occupées, où leur nom a été ajouté à la peinture noire. (Arthur Connan pour le service français)